Entre la sortie de son premier album, ses multiples EPs et sa tournée au Maghreb, le groupe de rap montpellierain Set&Match s’est offert un début d’année plutôt mouvementé. On a eu la chance de les capter pour une interview le lendemain de leur passage remarqué sur La Plage des Eurockéennes. Ambiance. Salut Set&Match, comment ca se passe ces Eurocks? Faktiss: Bah écoute très bien, aujourd’hui on est un peu en vacances, on a joué hier sur la scène de la Plage avec Sianna et Georgio, et c’était un très très bon concert, les gens étaient très réceptifs, très bonne ambiance… Parfait! En studio ou en live, vous avez toujours votre petite signature, un coté propre et carré. Est-ce que sur scène, en live, en festival, vous amenez aussi un coté un peu plus chill, pour coller à l’ambiance? F: c’est pas exactement la même manière de reproduire la musique, on va avoir une approche un peu différente, ça ne sera pas la même écoute. Quand tu écoutes un CD, tu peux être chez toi, en soirée, en club, etc.. Mais en concert tu as un public devant toi, des MCs… En tant qu’artiste tu dois envoyer, les gens sont là pour s’amuser, donc tu dois leur faire plaisir. Après sur scène on a notre scénographie, on fait notre taff! On déborde un peu, mais toujours dans le bon sens, pour aller dans le délire avec le public. Depuis Tudo Bem à la sortie de votre album, il y a eu un petit laps de temps. Il s’est passé quoi de votre coté? F: Entre temps on a beaucoup tourné, on s’est jamais vraiment arrêté de tourner. On a aussi pris le temps de préparer notre album, de faire une pause aussi, mais surtout de...
Rolo Tomassi : Grievances...
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Très souvent, quand le mot « Hardcore » est lancé, on s’imagine de la musique techno à 200bpm ou bien des groupes de metal chevelus hurlant de manière incompréhensible dans leurs micros devant un public démontrant sa maitrise du karaté aérien à grand renforts de mandales dans le faciès de leurs voisins (dans la bonne humeur, bien évidemment). Toutefois, si Rolo Tomassi entre dans la 2ème catégorie, il serait bien difficile de leur donner pour seule étiquette celle du Hardcore, car la formation anglaise introduit dans ses compositions des envolées jazz et progressives qui apportent à cette musique réputée plutôt brutale un coté plus touchant. Une main de velours dans un gant de fer, somme toute. Avec Grievances, leur 5ème album, Rolo Tomassi brouille encore un peu plus les pistes et affirme sa singularité. Entre les envolées lyriques puissantes de la chanteuse Eva Spence, les hurlements possédés de son frère James et des riffs acérés de guitares, on se retrouve face à un album d’une surprenante complexité, qui sort des sentiers battus. Le ton est donné dès l’introduction, avec le puissant Estranged, qui attaque d’office sans la moindre fioriture. Nul doute, les inspirations Hardcore sont bien présentes, mêlées à de soudains passages d’accalmie instrumentaux. Et ces changements soudains d’ambiances sont monnaie courante sur l’album, que ce soit sur Raumdeuter, dont le tempo bien plus calme et le chant clair d’Eva Spence invitent plus à la contemplation qu’au headbanging brutal, ou encore sur Opalescent, qui se rapproche plus du jazz-rock que du metal à l’ancienne, et qui est par ailleurs l’un des morceaux sur lequel la voix de la chanteuse se fait envoutante et apaisante, soutenue par un bel arpège de guitare. C’est justement ce mélange d’ambiances permanents, entre chant clair, hurlements et passages instrumentaux qui fait...
Thundercat : The Beyond / Where the Giants Roam...
posted by Pierre-Elie
S’il est bien un nom à retenir dans le domaine du Jazz ces 5 dernières années, c’est bien celui de Thundercat. Très proche de Flying Lotus et consorts, il s’est déjà distingué par deux albums de grande qualité, alliant soul, jazz, funk et hip-hop dans un savoureux mélange. Après s’être fait entendre sur To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar cette année, Thundercat nous balance un projet surprise, un EP 6 pistes, qui est une merveilleuse introduction à l’esprit chill et tranquille des vacances: The Beyond / Where the Giants Roam Question invités, Thundercat s’est contenté du meilleur: Flying Lotus, le violoniste Miguel Atwood-Ferguson, ainsi que le saxophoniste Kamasi Washington sont de la partie, rejoint par l’un des pères fondateurs du jazz: Herbie Hancock. Cette fine équipe nous fait voyager dans un univers sonore à la fois onirique et chaleureux, dans lequel les lignes de basses règnent en maîtres et où le chant s’allie avec une subtilité touchante aux instruments. The Beyond / Where the Giants Roam est un fantastique voyage qui, du tubesque Them Changes avec sa ligne de basse groovy et son piano qui semble provenir d’une autre planète au lancinant Where The Giants Roam / Field of the Nephilim, semble n’avoir qu’un seul but: nous rappeler que le groove ne meurt jamais. Mention toute particulière à l’incroyable Lone Wold and Cub, dont l’arpège de cordes mêlé aux percussions atmosphériques soutient la voix de Thundercat, habillée d’un effet d’écho qui renforce cette impression d’écouter une musique venant d’une autre dimension. Et la simple performance d’Herbie Hancock sur les deux dernières minutes du morceau vaut à elle seule l’écoute du projet. Une belle surprise que cette livraison expresse de Thundercat donc. Alliant electro, soul et funk comme lui seul sait le faire, le...
L’EP Chaï : Une première réussite pour Samifati...
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Samifati sort son premier EP « Chaï », un premier projet court mais convaincant qui insuffle un vent de fraîcheur et confirme la bonne santé du beatmaking français. On a souvent la fâcheuse manie d’associer uniquement le beatmaking au duo gagnant MPC et samples, néanmoins de plus en plus d’artistes saupoudrent leur composition de touche purement acoustique. C’est le cas pour Samifati, violoncelliste depuis plus de 10 ans qui n’hésite pas à associer de samples aux colorations hip-hop, aux doux mouvements de l’archet sur son violon. La sauce prend, et jusqu’à la fin on ne pourra plus se passer de cette complémentarité électroacoustique. Viens se rajouter à l’instrument à cordes une banque de samples d’une folle diversité. Comme beaucoup de ses camarades beamaker (Fakear sur l’EP Sauvage ou bien Degiheugi sur Endless Smile) Sami Fatih parsème ses titres de samples orientaux envoutants. Le titre Gundpower en est l’un des exemples frappants. Le décor est plaisant, la balade sympathique, le sentier n’est pas balisé mais laissez vous perdre vous verrez que ça vaut le détour ! Mais Samifati c’est aussi du live ! Accompagné du vidéaste Axel Vanlerberhe, le beatmaker nous offre un spectacle aussi bien visuel qu’auditif, mariage auquel on assiste de plus de plus en concert. A l’image de Rone ou La Fine Equipe, la scénographie n’est pas mise au hasard dans le beatmaking français actuel. Concert rime donc avec performance artistique, le spectacle est entier. Toujours sous la tutelle d’Axel Valerberhe, on vous laisse admirer le clip de Lotus tourné 16 mètres sous terre dans un ancien réservoir d’eau. A l’instar d’une pizza partagée avec sa copine, l’EP de Samifati nous laisse cette énorme fringale de fin de soirée. On en reprendrait bien encore une rasade...
Degiheugi – Endless Smile...
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Du Hip-Hop au Jazz en passant par la variété française, les influences musicales de Degiheugi sont nombreuses et son nouvel album devrait en surprendre plus d’un: une fascinante et changeante collection d’univers … Les KissBankers patientaient depuis plus de 2 mois, Endless Smile, le nouvel album de Degiheugi pointe enfin le bout de son nez et leur attente sera sans aucun doute à la hauteur de leur espérance. Avec plus de 208 KissBankers il n’aura fallut que 45 jours à Degi pour récolter les 3000€ nécessaire au pressage et mastering de son nouvel opus. Ce qui confirme l’engouement suscité par cet album pour une communauté d’adeptes, qui ne cesse de grandir. Le beatmaker Lavallois nous propose un sixième album à la richesse musicale ahurissante. Une galette des plus diversifiée notamment grâce à l’originalité des samples utilisés, surement trouvés dans les fins fond du net ou dans les vieux cartons poussiéreux de collectionneur de vinyle. Avec des loops entrainantes et une bonne maitrise de la MPC, Degi nous livre un très bon album Hip-Hop , et ça fait plaisir ! Il nous assène des claques musicales tout au long de son projet en nous transportant aussi bien avec « Kolkata » et sa coloration asiatique envoutante ou temporellement en samplant un vieux tube de Patricia Carli de 1963 : La Découverte, titre éponyme de notre ami Levalois. Comme à son habitude Degiheugi n’hésite pas à bien s’entourer en invitant ses compères Ceshi, ou encore Ghostown. Il parsème habilement son album de featuring empêchant ainsi une certaine monotonie présente dans les albums uniquement instrumentaux. On retiendra notamment une très belle apparition de Ceshi dans A dreaded sunny day où l’univers de Degiheugi se marie parfaitement avec celui du rappeur Américain. Alors qu’on s’imagine déjà sur nos terrasses respectives,...
Snoop Dogg – Bush...
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Si Snoop Dogg est bien doté d’un grand talent, c’est celui de se rire des genres et des styles, et de faire ce que bon lui semble. Après s’être perdu dans le reggae (avec plus ou moins de succès) et la funk, la superstar du Rap US prends la tendance à contre pied avec Bush, son nouvel album entièrement produit par Pharell Williams. Alors, pari réussi ou échec cuisant pour le Doggfather? L’alchimie Pharell-Snoop remonte à bien longtemps. En effet, les deux avaient déjà collaboré à plusieurs reprises durant la longue carrière de Snoop- on se rappelle notamment de Drop It Like It’s Hot, et de son C-Walk improbable- et ce n’est donc pas étonnant de retrouver Pharell aux manettes du projet. Toutefois, il est le seul et unique producteur, et ses retrouvailles avec Snoop sont plus funky que thug: pas des grosses basses, plutôt des rythmiques catchy et dansantes qui donnent plus envie de s’allonger dans un transat un cocktail à la main que d’aller faire un drive-by. Quid de Snoop alors? On l’avait déjà retrouvé égaré sur les terres du funk en 2013 avec 7 Days Of Funk (qu’on avait chroniqué ici), et nul doute que le bougre a souhaité prolonger son voyage. Moitié chantant, moitié rappant, le Doggfather pose son flow à son habitude, à l’aise et au calme, et s’accorde parfaitement avec les instrus de Pharell. On assiste au revival de rythmiques qu’on croyaient disparues depuis longtemps, avec un esprit décalé et gouailleur, classique à Snoop Dogg. Coté guests, les noms sont alléchants: Stevie Wonder, Charlie Winston, TI, Gwen Stefani, Kendrick Lamar (encore lui!) et Rick Ross viennent appuyer Snoop Doggy Dogg dans ses frasques, toujours avec mesure et bon goût. Le projet est donc de très bonne facture, les...
To Pimp a Butterfly: Puissant et prestigieux...
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Après le succès de Good kid, m.A.A.d city, Kendrick Lamar était passé du stade de jeune rookie prometteur à celui de nouveau 2Pac (et on exagère à peine…). Le bougre ne s’était pas fait rare par la suite, enchainant les lives et les apparitions sur des projets des rappeurs de sa clique (et aussi chez les autres). 3 après le succès du premier album, Kendrick est de retour avec To Pimp a Butterfly. Nul doute: on est clairement face à quelque chose de prodigieux. Sous tous les points. On aurait pu vous faire une explication de texte piste par piste. On aurait pu se perdre en élucubrations techniques quand au flow de Kendrick. Mais ca n’aurait pas été rendre justice à l’un des albums les plus puissants du hip-hop de ces 10 dernières années. On savait Kendrick bien loin des préoccupations telles que le deal de drogues, la fortune amassée, ou encore le nombre d’armes possédées. On le savait plus proche d’un storytelling poussé, de belles instrumentalisations et d’un propos profond et social. Si Good kid m.A.A.d city (ré)introduisait ce concept, To Pimp a Butterfly en est le pinacle, la clé de voute. On se retrouve face à un album qui sublime toutes les inspirations de Kendrick: du funk à la soul, en passant par le jazz. La direction artistique est, il faut bien l’avouer, incroyable. De Flying Lotus à Snoop Dogg, en passant par Thundercat, George Clinton et Robert Glasper, les invités sont prestigieux, et s’intègrent parfaitement à cet univers créé par Kendrick. Musicalement, c’est un patchwork sonore qui n’est jamais ostentatoire, bien qu’un peu difficile d’accès parfois. Et il fallait bien une production aussi solide pour supporter les thèmes de l’album, à la fois forts et intemporels : la race et la...
Pourquoi Brava déçoit....
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Grenoble, le 8 mars 2015 – Alors officier, qu’est-ce qu’on a ici? – J’en sais trop rien commissaire, les voisins se sont plaints de hurlements insupportables, de kicks et de snares à la fois violents et racoleurs, et d’une hype montée beaucoup trop vite. Ils ont appelé la Police de la Musique qui a forcé la porte, et qui a trouvé ce pauvre homme au sol, les oreilles en sang, avec un mot écrit un peu partout sur les murs: avarB. – avarB? – Oui, mais vu qu’on avait lu Shining, on a pris un miroir, et on a vu que c’était écrit Brava. – Non de Dieu, encore un… – Comment ça commissaire? – Laissez moi vous parler de Brava, cet album tant attendu qui au final s’est révélé être une telle déception pour certains que leurs tympans ont implosés. Derrière ce titre des plus alarmistes se cache en réalité un vrai malaise. Brava, l’album de Brodinski qui devait confirmer son titre de champion de ce que certains nomment d’ores et déjà la « nouvelle vague French Touch » (aucune idée de ce que ca peut bien vouloir dire, mais passons), s’est avéré être pour beaucoup une déception qui tape complètement à coté de ce à quoi il aspirait: regrouper au sein d’un même album des prods très typées techno et un hip-hop venant à la fois de Los Angeles, d’Atlanta et de Chicago. La hype était à son paroxysme, et ce dès la sortie du premier extrait, Can’t Help Myself et de son joli clip. L’instru tapait sec, ca sonnait très bien, mais déjà un petit bémol, SD. Le rappeur présent sur le morceau. Affilié à GBE (Chief Keef, Fredo Santana, la drill music, etc…), sa présence semblait clairement dispensable sur ce morceau. Il...
Steven Wilson- Hand.Cannot.Erase...
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S’il est un nom à retenir dans le rock progressif ces 10 dernières années, c’est bien celui de Steven Wilson. Leader du groupe Porcupine Tree, collaborateur et producteur sur les albums de groupes tels que Opeth, Pendulum ou Anathema, Steven Wilson s’est également illustré par des albums solos d’une grande qualité, à la fois beaux et profonds, dans lesquels il développe des thèmes teintés d’ésotérisme et de nostalgie. Hand.Cannot.Erase, son nouvel album, suit cet univers si cher à l’artiste, nous invitant cette fois ci à un voyage avec une ligne directrice autour d’un personnage central à l’album. L’album s’ouvre avec le morceau First Regret, dont le piano soutenu par des percussions très typées « musique électronique » réalise un prélude parfait au morceau suivant, 3 Years Older. Les riffs de guitares, le mellotron, le piano, la basse… tout rappelle la patte sonore classique de Steven Wilson, et on sa voix si particulière ravit toujours autant. Entre passages planants à la guitare acoustique, solos de mellotrons, lignes de basses puissantes et riffs acérés de guitare, Steven Wilson parvient à captiver l’auditeur durant ces 10 minutes que dure le morceau. Vient ensuite Hand Cannot Erase, sur lequel on assiste au retour de cette vibe électro-pop qui surprendra les fans de la première heure. Toutefois, passé l’introduction du morceau, les instruments reprennent la part belle, avec une ligne de synthé qui compose la structure du morceau et sur laquelle viennent se greffer les autres instruments. Perfect Life, dont la structure est cette fois-ci clairement d’inspiration electro-slowtempo, introduit la voix de la chanteuse Ninet Tayeb en conteuse d’histoire, et repose principalement sur des voix et du chant clair. Pas de guitares, tout n’est sur ce morceau que synthés en strates et assemblages de snares et de kicks. Steven Wilson démontre...
10 albums attendus pour 2015...
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2015 commence a peine, mais toutefois, tant que la folie des listes en encore en nous, il semblait logique de proposer quelques un des albums attendus pour la nouvelle année. Si certains ont déjà des dates de sorties, d’autres sont encore au stade de mastering, voire même en pleine composition ou encore au stade de projets. Mais même si certains ne sont pas encore physiquement annoncés, s’il y a bien un domaine prompt aux surprises, c’est bien la musique. Etienne De Crecy: Super Discount 3 On commence dans la joie avec le 3ème opus de la série débutée en 1996 par l’un des pionniers de l’ électro française, Etienne de Crecy. 2 ans après le coffret Le fantasque Hashtag My Ass avait introduit l’album, et avait été suivi par You et Night (Cut The Crap). Un album qui s’annonce aussi fou que ses prédécesseurs, prévu pour le 19 Janvier. Rone: Creatures Une autre sortie confirmée. Rone, un des animaux les plus étranges de la ménagerie de l’electro francaise, remet le couvert après l’excellent Tohu Bohu. Creatures est prévu pour le 9 février, et bien que peu d’informations aient filtrés sur la galette, on s’attend à un digne successeur de Tohu Bohu, un nouveau beau voyage sonore. The XX: ??? Quelques années nous séparent du dernier bijou du trio, à un tel point que certains désespéraient d’entendre un jour résonner de nouveau leurs mélodies. Toutefois, les photos instagram et une petite confidence de Jamie XX à The Fader plus tard, on retrouve l’espoir quand à la sortie prochaine d’un album, pour 2015 apparament. Une affaire à suivre de très, mais alors très près! Brodinski: Brava Pas de date précise de sortie non plus pour le premier album de Brodinski. Toutefois, une tracklist...
The Rap Monument: 42 minutes of Rap...
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La fin d’année nous aura finalement gardé un belle surprise, un gros cadeau musical. Imaginez 36 rappeurs venant d’Atlanta, New York et Los Angeles, réunis par Hudson Mohawke sur un seul et même morceau. Ce morceau, c’est The Rap Monument, qui impose 42 minutes au compteur. Alors qui sont les génies derrière cette idée? L’équipe de Noisey, la section musique du magasine Vice. Plutôt que de proposer un long morceau composé de plusieurs freestyles pénibles à écouter, ils sont décidé de construire un morceau cohérent, sur lequel chaque rappeur peut développer tout son flow comme sur un de ses tracks. Les 36 segments, nommées des bricks, ont été rappés sur des productions folles du grand Hudson Mohawke (s’arrêtera-t-il un jour?!), puis compilées en ces 42 minutes de grand spectacle. Ce qui frappe, c’est également la variété des rappeurs ayant collaborés. On retrouve les récents Young Thug, Flatbush Zombies, ou autre YG, mais aussi des vieux de la veille comme Pusha-T, Raekwon et Prodigy. Et par variété, on entend également les variations de flows (on parle quand même de 3 des villes fondatrices du rap moderne), qui rendent l’ensemble très agréable à écouter. Seul point noir au tableau, la ville de Detroit, grande oubliée du délire, alors qu’elle est elle aussi un des 4 piliers du rap actuel. Un petit oubli certes, mais un oubli qui nous prive de bon nombre de MCs talentueux. Mais ne crachons pas dans la soupe, la qualité générale du morceau est incroyable, et surtout, l’accomplissement d’un tel projet nous montre que le rap a encore de beaux jours devant...
Klub des Loosers: les 10 ans de « Vive La Vie »...
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On a fêté il y a peu les 10 ans d’un album assez surprenant, qui nous a introduit à un univers étrange, situé entre l’adolescence, la déprime, le sexe et Versailles. On parle du premier album du duo de rap français le plus caustique, le Klub des Loosers… 10 ans et pas une ride. Voilà le constat qui s’impose après la réécoute deVive La Vie. Un album qui oscille entre la déprime adolescente, pourtant teinté d’un cynisme et d’un nihiliste très adulte. Un album qui marque par ses instrus incroyablement complexes, des références poussées, et surtout par un ton caustique et désabusé. Sorti le 15 Novembre (donc bon anniversaire en retard!), le CD composé de 20 morceaux s’est distingué non seulement par sa durée, mais aussi par le personnage atypique de Fuzati, rappeur au flow mi-décalé mi-malsain, qui tire sur tout ce qui bouge et semble exorciser ses déboires d’ado Versaillais mal dans sa peau, aux punchlines acérées par des années de solitude. Et loin de se résumer aux traditionnels clichés « La vie c’est nul », on retrouve dans son univers quelque chose de différent, qui permet à tout le monde de se reconnaître dans Fuzati. Un constat qui s’exprime à son paroxysme sur le morceau Sous le Signe du V, composé avec Jean-Benoit Dunckel (la moitié de Air). On a tous connu des déboires dans la vie,et Fuzati réalise un coup de maître en les racontant comme si c’était la fin du monde, mais en nous rappelant aussi qu’il est « normal que le monde ne tourne pas rond, puisque chacun pense en être le centre ». C’est cette capacité à passer de l’intime au général, couplé à un grand talent de beatmaker, qui rend le Klub Des Loosers aussi atypique. D’autant que Fuzati prouve que...
Gazette du Music-Jeu #1: Sunset, du clash, un complot et du chant....
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C’est bientôt la fin de l’année, et dans un monde parallèle Little World Music a enlevé sa bannière du festival Hadra 2014, 4 mois après l’évènement. Manque de chance, dans notre monde c’est pas ce qui se passe, la bannière trône toujours là, fière et tenace; mais que fait la police? Dans ce contexte de crise de l’internet, Little World Music introduit la Gazette du Music-Jeu, un condensé d’actus caustiques et informatives qui résume avec humour les déboires du monde de la musique. Avec du recul: Sunset, les proactifs de la musique: Alors pourquoi « Avec du recul »? Parce qu’en fait le premier EP de Sunset, duo formé par Danger et Raphaël Siboni est sorti il y a quasi 15 jours. Il aura bien fallu un peu de temps pour appréhender le style du groupe dans son intégralité. Non content de délivrer des textes en spoken word sur des instrus d’électro qui tabassent sec, le groupe s’est également distingué en partant du postulat « Un morceau= Un clip ». Ainsi, on se retrouve avec un EP de 4 titres, qui s’écoute avec 4 clips. C’est beau, c’est travaillé, ça ne nous rend pas forcément la musique plus abordable, mais on ne peut qu’apprécier l’attention portée! La punchline de la semaine: Lorde Vs Diplo: Attention, on s’attaque à du violent. Si vous suivez Diplo sur Tweeter, vous devez probablement être au courant de son amour pour les vannes moyennes et (souvent) un peu graveleuses. Le producteur de Major Lazer a donc décidé de lancer une campagne de crowdfunding nommée « Get Taylor Swift a booty ». C’était sans compter sur l’intervention de Lorde, amie de Taylor, qui lui a balancé un cinglant « should we do something about your tiny penis while we’re at it hm » (traduction pour les...
Flying Lotus- Le retour d’entre les morts....
posted by Pierre-Elie
Flying Lotus est (enfin) de retour avec un album complètement déjanté et surprenant, You’re Dead!. Et par surprenant, on entend qu’un album dont le thème principal est la mort, dont l’artwork est dessiné par l’un des plus grands artistes de Guro-manga, Shintaro Kago (allez voir ses œuvres, je vous assure que c’est relativement… perturbant) est tout de même un projet assez fou. Et fou est un terme qui correspond bien à l’univers musical de cet album. Un joyeux bazar sonore parfaitement maîtrisé, composé de sons complètements dissociés, voir polyrythmiques, mais qui s’assemblent avec des harmonies fabuleuses. Une puissante magie semble œuvrer sur tout cet album, alimentée par les guests invités à poser leurs voix sur certains morceaux. Et dieu sait s’ils sont nombreux! Entre Kendrick Lamar, Snoop Dogg, Captain Murphy, Thundercat, Nicki Randa et… Ennio Morricone (Le compositeur, entre autres, de la bande son du western Le Bon, la Brute et le Truand, rien que ça.), les collaborations sont d’une qualité remarquable, et font parfois preuve d’une originalité bienvenue. Mention spéciale à Kendrick, qui (comme d’habitude), se pose au dessus du lot et livre des salves de flow plus que convaincantes sur le morceau Never Catch Me, clippé récemment. Alors au final, tiendrions-nous (enfin) un album parfait? Pas réellement. Comme pour tout bon album concept, une ambiance particulière se dégage de cet album, mais au bout de plusieurs écoutes seulement. Le coté très « bordélique » (pas d’offenses) va certainement en rebuter certains, voire occasionner une certaine gène chez l’auditeur. Mais toutefois, force est de reconnaître que la mort n’a jamais paru aussi douce que sur cet album. Oh, et si à la fin de l’écoute votre corps vous semble paralysé, pas de panique, « You’re Dead! ». ...
Retour sur 11 albums de 2014...
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La fin de l’été revient, et comme d’habitude, on se retrouve avec un pléthore d’albums annoncés. Et niveau annonce, autant dire qu’on va se régaler. Mais comme d’habitude, on s’est rendu compte qu’on a pas été ultra-prolifiques cette année, du coup à travers cet articles, on va évoquer ces quelques albums excellents, originaux, ratés, ou surprenants dont on a pas parlé. Schoolboy Q- Oxymoron: Un album attendu par la plupart des fans de rap US, qui est d’ailleurs le premier « vrai » album de Schoolboy Q. Entre featurings dévastateurs (The Purge, avec Tyler The Creator et Kurupt entre autres), prods qui déboitent sec (Man of The Year, qui sample Chromatics), l’album est très agréable à écouter. Bon, on est pas non plus face à une prouesse, mais il remplit ses promesses d’un rap gouailleur et sympathique! Skrillex- Recess: Il y avait bien longtemps qu’on avait pas entendu parler de l’autoproclamé Dieu de la Dubstep, et qu’il était devenu « cool » de détester le bonhomme. Toutefois, on se retrouve étrangement devant un album pas si inécoutable que ça, qui sans être d’une grande originalité prends des chemins un peu différents des EP précédents. Cela dit, ça reste de la dubstep, et l’effet ras-le-bol se fait vite ressentir. A réserver aux fans absolus, même si on s’est surpris à balancer un ou deux tracks en soirée! Christine and the Queens- Chaleur Humaine: On est d’abord dérouté par cet album, puis séduit. Séduits par l’originalité des productions, par cette éléctro-pop quasi intimiste, et par cette sublime voix qui porte l’album. Christine and The Queens est clairement l’un des projets les plus sympathiques à être sorti cette année, porté notamment par le titre Saint-Claude et son clip très travaillé. On voyage, on découvre et on se perd dans l’univers...