Quand l’artiste Kanye West est obscurci par le personnage public Kanye West, il en ressort souvent un espèce de mélange assez risible, fait de tweets pas toujours très fins, de prises de positions douteuses, de délires mystiques et de défilés de modes dignes d’un film de science fiction des années 80, type Dune. Depuis Yeezus, Kanye a toujours revendiqué ce coté très hautain, persuadé qu’il est d’être le meilleur de tous, et d’avoir toujours un temps d’avance, au point de s’aimer lui-même plus qu’il n’aime sa femme ou ses fans. The Life of Pablo est donc tout ce qu’on était en droit d’attendre de l’entité Kanye West, sorte de Docteur Jekyll et Mister Hide du rap: un album pas toujours très compréhensible, souvent assez brouillon, mais à l’ambition débordante. Toutefois, l’Enfer est pavé de bonnes intentions, et la question qui nous taraude est: « Mais que vaut cet album? », et on est en droit de se la poser, Kanye ayant présenté son nouveau bébé (pas Saint, non), comme un « album de gospel ». Autant le dire tout de suite: The Life Of Pablo est bon. Pas excellent, mais suffisamment osé pour être intéressant à écouter, bien que souffrant d’un effet très « fourre-tout », qui se ressent autant au niveau des instrus que des thèmes abordés par les textes. Kanye affirme son amour de Dieu sur un morceau, avant de lâcher par la suite quelques vers sur son envie de coucher avec Taylor Swift, puis de se perdre dans des élucubrations mi émouvantes-mi tragiques sur sa relation avec sa famille ou son quartier. Une fois de plus, on peut saluer l’ambition du bonhomme, qui le pousse a aller toujours plus loin dans ses délires… pas forcément toujours si inspirés qu’il voudrait le faire croire d’ailleurs. Cet effet fourre-tout...