Très souvent, quand le mot « Hardcore » est lancé, on s’imagine de la musique techno à 200bpm ou bien des groupes de metal chevelus hurlant de manière incompréhensible dans leurs micros devant un public démontrant sa maitrise du karaté aérien à grand renforts de mandales dans le faciès de leurs voisins (dans la bonne humeur, bien évidemment). Toutefois, si Rolo Tomassi entre dans la 2ème catégorie, il serait bien difficile de leur donner pour seule étiquette celle du Hardcore, car la formation anglaise introduit dans ses compositions des envolées jazz et progressives qui apportent à cette musique réputée plutôt brutale un coté plus touchant. Une main de velours dans un gant de fer, somme toute. Avec Grievances, leur 5ème album, Rolo Tomassi brouille encore un peu plus les pistes et affirme sa singularité. Entre les envolées lyriques puissantes de la chanteuse Eva Spence, les hurlements possédés de son frère James et des riffs acérés de guitares, on se retrouve face à un album d’une surprenante complexité, qui sort des sentiers battus. Le ton est donné dès l’introduction, avec le puissant Estranged, qui attaque d’office sans la moindre fioriture. Nul doute, les inspirations Hardcore sont bien présentes, mêlées à de soudains passages d’accalmie instrumentaux. Et ces changements soudains d’ambiances sont monnaie courante sur l’album, que ce soit sur Raumdeuter, dont le tempo bien plus calme et le chant clair d’Eva Spence invitent plus à la contemplation qu’au headbanging brutal, ou encore sur Opalescent, qui se rapproche plus du jazz-rock que du metal à l’ancienne, et qui est par ailleurs l’un des morceaux sur lequel la voix de la chanteuse se fait envoutante et apaisante, soutenue par un bel arpège de guitare. C’est justement ce mélange d’ambiances permanents, entre chant clair, hurlements et passages instrumentaux qui fait...