Rone réalise un sublime jeu d’équilibriste sur cet EP qui poursuit et clôture merveilleusement Creatures sorti l’an passé. Il sème des sonorités qui lui sont propres tout au long de ce quatre titres avec un travail de recherche plus profond, moins pop et très authentique. Tel un laborantin Rone explore de manière candide, torturant ses machines dans son studio, et livre un voyage de dix-sept minutes qui démarre dans un style ambiant et se clôture aux alentours de cent-soixante bpm. Un grand écart réalisé avec finesse entre Etc qui ferait une excellente bande son d’un film tourné dans le grand nord, dont Pankot serait le deuxième thème. Et Vood(oo) qui a soulevé les foules en 2015 pendant ses lives démentiels et qui démarre avec une intro nébuleuse, immersive, où les couches se superposent. Rone effectue un travail orchestral sublime, lâche les reines à la moitié de ce morceau et atteint le climax de sa carrière musicale en mêlant une rythmique de batterie déchaînée. Une batterie aussi présente et entraînante sur Dolls, qui rend ces deux tracks terriblement organiques. Ayant pu admirer son live à plusieurs reprises l’an passé, il n’y avait plus trop de doutes concernant la qualité artistique prise par le projet Rone. Cette dynamique est à présent confirmée par cet EP majestueux et surprenant. Cela dit, il est grand temps de (re)visionner le bien beau concert enregistré à l’Olympia et diffusé par Arte Concert. ...
L’EP Chaï : Une première réussite pour Samifati...
posted by Pierre-Elie
Samifati sort son premier EP « Chaï », un premier projet court mais convaincant qui insuffle un vent de fraîcheur et confirme la bonne santé du beatmaking français. On a souvent la fâcheuse manie d’associer uniquement le beatmaking au duo gagnant MPC et samples, néanmoins de plus en plus d’artistes saupoudrent leur composition de touche purement acoustique. C’est le cas pour Samifati, violoncelliste depuis plus de 10 ans qui n’hésite pas à associer de samples aux colorations hip-hop, aux doux mouvements de l’archet sur son violon. La sauce prend, et jusqu’à la fin on ne pourra plus se passer de cette complémentarité électroacoustique. Viens se rajouter à l’instrument à cordes une banque de samples d’une folle diversité. Comme beaucoup de ses camarades beamaker (Fakear sur l’EP Sauvage ou bien Degiheugi sur Endless Smile) Sami Fatih parsème ses titres de samples orientaux envoutants. Le titre Gundpower en est l’un des exemples frappants. Le décor est plaisant, la balade sympathique, le sentier n’est pas balisé mais laissez vous perdre vous verrez que ça vaut le détour ! Mais Samifati c’est aussi du live ! Accompagné du vidéaste Axel Vanlerberhe, le beatmaker nous offre un spectacle aussi bien visuel qu’auditif, mariage auquel on assiste de plus de plus en concert. A l’image de Rone ou La Fine Equipe, la scénographie n’est pas mise au hasard dans le beatmaking français actuel. Concert rime donc avec performance artistique, le spectacle est entier. Toujours sous la tutelle d’Axel Valerberhe, on vous laisse admirer le clip de Lotus tourné 16 mètres sous terre dans un ancien réservoir d’eau. A l’instar d’une pizza partagée avec sa copine, l’EP de Samifati nous laisse cette énorme fringale de fin de soirée. On en reprendrait bien encore une rasade...