Dead Soul // Ghost (L’Usine, Genève)

Ghost, c’est un peu tout ce que j’aime. Du bon hard rock à l’ancienne, avec une ambiance occulte tantôt aérienne, tantôt pesante, qui cultive une aura de mystère depuis sa création, ses membres étant masqués ou grimés en live. Après avoir sorti un des meilleurs albums de 2015, Papa Emeritus III et ses musiciens – nommés les Nameless Ghoul- se sont lancés dans une grande tournée, avec une seule et unique date en Suisse programmée par PTR à l’Usine, accompagnés par Dead Soul, un groupe d’indus ‘assez étrange, mais qui sonne fort bien sur album.

Même si l’ouverture des portes est à 20h, la peur panique de ne pas être bien placée compilée à mon habitude maladive d’avoir en permanence une demi-heure d’avance me fera arriver dès 19h00. Classique, mais l’attente est récompensée par la distribution d’une fort belle sérigraphie limitée pour les 15 premiers. Classe.

 

La salle se remplit tranquillement alors que Dead Soul prend place sur scène. Les 3 musiciens commencent pile poil à l’heure, et envoie d’emblée des salves de synthés et de basses bien brutales (trop brutales?) dans le visage d’un public qui semble garder une grosse part de son énergie pour la tête d’affiche. La pop industrielle du groupe fait toutefois mouche, bien que très tranquille et calme, et l’alchimie sur scène est palpable. Bien que n’ayant joué qu’une grosse demi-heure, le groupe a tout de même eu le temps de donner un bel aperçu de ses expérimentations sonores, entre riffs de guitare noyés sous milles effets et synthés parfois très psychédéliques, avant de tirer sa révérence et de laisser la place à Ghost.

Ghost est un groupe qui sait se faire attendre, et qui sait surtout poser une ambiance, et ce même durant la demi-heure d’attente. Des cantiques se font entendre, et de l’encens est brûlé sur scène, le tout dans une belle lumière violette qui donnait l’impression de se préparer à assister à une messe noire. Le décorum fait en tout cas son petit effet, et le public chauffé à blanc accueille l’arrivée du groupe par un rugissement qui fait trembler les murs. Le groupe ouvre les hostilités avec l’excellent Spirit, tiré de leur nouvel album Meliora, qui fait mouche d’emblée. Ça brasse joyeusement dans les rangs, tout le monde chante en chœur le refrain, et sous leurs masques, on sent les musiciens survoltés. En grand maître de cérémonie, Papa Emeritus III flanqué de sa mitre semble littéralement se nourrir de l’énergie ambiante, interagissant avec le public et délivrant quelques belles blagues salaces, pour le plus grand bonheur de ses ouailles, bien entendu.

Ghost
On retrouve sur scène l’excellent son de l’album, à la fois clair et pesant. Chaque riff de guitare sonne parfaitement juste, et Papa Emeritus III montre une fois de plus son talent de chant inégalable, s’autorisant même une gestuelle digne des plus grands chanteurs d’opéra. Ghost s’autorisera d’ailleurs une petite digression acoustique sur Gigolo Har Megiddo, qui amènera un beau moment de calme. La grande majorité de l’album Meliora est jouée, interludes compris, et Ghost envoie également quelques morceaux qui ont fait leur succès, notamment un Year Zero impie à souhait avec son invocations des démons primordiaux scandée par le public tout entier. Grand émoi du public sur Cirice également, qui devait être le morceau le plus attendu de la soirée, à en juger les cris de joie qui ont résonné dès les premières notes. Ghost finira avec un enchainement If You Have Ghosts Monstrance Clock , complètement fou, qui achèvera le public dans une apothéose absolue.

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J’étais venu voir Ghost, et j’en ai eu pour mon argent. Le groupe développe toute une scénographie teintée d’occultisme, renforcée par le jeu d’acteur fabuleux de Papa Emeritus, qui ira jusqu’à se balader sur scène avec un encensoir pour parfaire son rôle de pape impie. Un bien beau concert, probablement l’un des meilleurs que j’ai pu voir cette année. Merci Ghost!