Eurocks 2015 : La canicule vous passe le bonjour !

Cette année, Little World Music s’est encore un peu plus implanté aux Eurockéennes. C ‘est en bénévole et en presse qu’on a profité du festival, de ses backstages et de la canicule franc-comtoise. L’occasion de découvrir plein de nouvelles facettes des coulisses du festival, de son organisation à la partie relationnelle avec les artistes. Pour nous, qui n’aspirons pas à faire carrière dans le milieu, c’est une expérience riche et inédite que nous sommes fiers d’avoir vécu. Mais on ne vous en dira pas plus, car l’important était sur les scènes, et c’était plutôt démentiel.

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Privés de camping cette année (manque de temps), on compense nos regrets en regardant les inventions des campeurs pour lutter contre un soleil de plomb qui s’acharne à refroidir les ardeurs des plus fervents. Pourvu que les bières soient fraîches ! Il est midi, nous sommes le vendredi, et on croise les 4 gars de Cotton Claw qui improvisent un set sauvage à l’entrée du camping. Les nouveaux arrivants sont surpris et les premiers sourires apparaissent.

Une fois sur le site, on découvre avec grand plaisir les nouveautés de cette édition. La principale, c’est l’ouverture d’une nouvelle zone chill-out franchement bien foutue, avec palettes et barques disponibles pour siroter une bière. Le festival s’est ouvert un peu plus aux sponsors, avec les arrivées de Ben&Jerry’s, Quick ou bien Ray Ban. On comprend  que ces gens là ramènent des sous, mais c’est toujours un crève cœur de voir ce lieu magnifique se transformer un peu plus en panneau de pub… Dernière nouveauté de taille : l’introduction d’une Secret Place, plutôt habilement cachée, présentée sous forme de Silent Party ayant vu passer Bob Rifo (Bloody Beetroots), Mystery Jets ou bien DJ Pone. Visiblement, les malins qui ont trouvé le lieu ont bien apprécié le concept.

Coté festival, on ne regrette pas d’avoir choisit Royal Blood  pour débuter notre marathon de concerts. Le duo anglais enflamme la grande scène avec une formation basse / batterie redoutablement efficace. C’est fou tout ce qu’on peux faire avec si peu d’instruments. On passe ensuite faire un petit tour à la plage pour voir les montpellierains de Set & Match qui chauffent le public à grands coups de basses. Après la pause manger (pas de Ben Harper, dommage), direction la Greenroom où Fakear nous présente son live band. Que de chemin parcouru par le caennais, que l’on voyait encore tout réservé il n’y a pas un an à Dour, et qui désormais se lâche devant 15 000 personnes. Le live instrumental apporte une dimension supplémentaire à la musique de Fakear, et prouve tout le talent de ce jeune producteur qu’on aime beaucoup. Retour à la plage pour danser devant l’electro disco de Todd Terje and the Olsens. Le groupe norvégien joue sans aucune pause un set instrumental montant en puissance progressivement pour finir de manière assez folle. Dans le sable avec de la place pour profiter tout en étant bien placé, dur de ne pas passer un moment pas loin de la perfection. On reste dans les parages pour le début de Pusha T, qui, en bon rappeur, débute avec 20 bonnes minutes du retard. Les basses sont lourdes (niveau hip-hop, dur de faire autrement pour cette édition), King Push occupe bien la scène, mais devrait envisager à plus rapper et moins laisser le disque tourner. Les titres s’enchaînent très vite, et l’américain se retrouve plus de hits où il apparaît en guest que ses propres sons. Décevant. On file donc vers la Grande Scène pour retrouver la hi-tech minimal de Boris Brejcha qui va nous régaler durant une bonne heure. Accompagné d’une scéno très classe, l’allemand réussit le lourd défi de clôturer cette première journée.

Le lendemain, nos travaux nous occupant l’essentiel de la journée, c’est avec de grands regrets qu’on rate Jeanne Aded, Ibeyi et Seasick Steve. Heureusement, tous ont fait du bon boulot, et les retours des concerts sont excellents. On passe aux backstages de la plage pour le concert de Ilovemakonnen, en compagnie des jeunots de Rae Sremmurd, surexcités avant leur passage. Beaucoup de basses au programme, et même si on ne peut pas nier l’énergie déployée par cette nouvelle vague hip-hop, on est quand même nostalgique de celle qui privilégiait la technique et les lyrics. On veut ensuite passer voir Chrisitine and the Queens, mais la nouvelle popstar française suscite un tel engouement qu’il est impossible pour nous de se placer pour écouter convenablement le concert. On décide alors d’aller voir les japonnais de Bo Ningen, et on ne le regrette pas : la découverte du festival ! Alliant des mimiques scéniques wtf typique du pays du soleil levant avec une musique énergique, le quatuor propose un final mémorable, aux frontières du rock psyché, du métal et du punk. Le petit comité réunit dans la fosse passe un très bon moment, et l’ambiance fait chaud au cœur. On observe la pagaille Major Lazer, avant de vite comprendre que la bande à Diplo pousse le bouchon trop loin. Aucune cohérence dans le set, simplement du playback, des ballons gonflables et de la daube auditive. On préférera The Shoes qui présentent leur album Chemicals en avant première. Accompagné d’un visuel bordélique et hilarant, le duo rémois diffuse triomphalement son electro pop blindée d’influences devant un public chauffé à blanc. On ratera la fin à contre-cœur pour pleinement profiter du live de Chemical Brothers. Accompagnés d’un visuel démentiel, les deux anglais transforme la Grande Scène en une immense rave franc-comtoise. Puissance, précision et tubes étaient au rendez-vous. S’ils passent pas loin de chez vous, ne les ratez pas !

Après une courte nuit, on réalise qu’on est déjà dimanche et que ce soir, le festival sera fini. Merde alors ! Afin de garder un maximum d’énergie, on décide de n’attaquer les festivités qu’aux alentours de 19h, avec une bonne bière devant Batida. Le collectif portugais délivre des rythmes qu’on entend rarement sur de telles scènes. Un bon moment, même si la chaleur a tendance à dissiper la foule. Passage éclair vers la déception du festival : le fameux Damian Marley. On fera court, même s’il manquait beaucoup de choses : du son, de l’envie, de la folie. Débuté en retard, terminé trop tôt, Damian oubliera de respecter son public durant ses quelques minutes sur scène. S’il voyait ce que fils Marley fait de l’héritage familial, papa Marley oublierait une fois ses principes rastafaris pendant deux minutes pour en coller trois au cadet de la famille. On se rassure devant Run The Jewels, qui délivre la meilleur performance hip-hop du festival. Enchaînant un déluge de lyrics sur des prods electros agressives, le duo américain se met le public dans la poche, sur un couché de soleil magnifique accompagné de quelques petites gouttes de pluie (car les Eurocks sans la pluie, ça ne pouvait pas être possible). Ce sont ensuite les tarés de Die Antwoord qui prennent le relais. Après leur passage apocalyptiquement fou il y a 3 ans, les sud-afs réalisent une performance une nouvelle fois de haut-vol. Enchaînant des titres à mi-chemin entre le gabber et le kitsch, Ninja et Yo-Landi enflamment la grande scène à la tombée de la nuit. Des vrais bêtes de scènes ! On redescend d’un cran pour James Blake. Comme à son habitude, le producteur anglais propose un set beaucoup plus fins que ses prédécesseurs, ce qui a tendance à rendre l’intro du live un peu trop longue. Mais les compositions minimalistes et la voix de James Blake prendront sans difficultés le dessus pour porter le public durant une bonne heure. Pour cloturer notre festival, on trouve judicieux de passer par les backstages afin de profiter au maximum des concerts finaux. On commence donc avec Sting, nouveau barbu, mais éternel showman. Enchaînant les grands titres de sa carrière avec originalité et réussite, l’anglais transcende les générations et s’avère être une parfaite conclusion pour le festival (on l’avoue, on était un peu sceptique lors de l’annonce). Entre temps, on a également pu passer voir Flume, qui enchaîne les tubes à une vitesse effrénée. Même si le live n’apporte pas beaucoup aux titre de l’australien, on est tout de même rassuré par sa prestation, que beaucoup décrivent comme fébrile. Dans une ambiance de feu (comme souvent le dernier soir à la Plage), on profite de chaque secondes nous rapprochant de la fin des festivités. Suivront ensuite de beaux spectacles d’art de rue signés Les Plasticiens Volants, qui transforment la plage en un immense fête du village où la bonne humeur règne sans partage.

Chaudes de jour, fortes de nuits, les 27ème Eurockéennes confirment encore une fois le statut qu’on leur attribue. Si certaines parties de la programmation ont crée des sceptiques, difficile de nier le professionnalisme de l’ensemble des acteurs du festival, des organisateurs à la sécurité en passant par les techniciens et les bénévoles. Avec un public toujours plus fidèle, le festival fait désormais sold-out pour la deuxième année consécutive, chose assez rare pour ce type d’événements. Il incombe désormais aux organisateurs de faire évoluer les Eurockéennes vers d’autres horizons : capacité, programmation et environnement seront des enjeux clés des futures éditions. L’arrivée de Mathieu Pigasse (banquier, président des Inrocks, actionnaire du Monde…) à la présidence du festival est un premier geste dans cette optique. Espérons qu’il soit dans la continuité de la dynamique de ces dernières années.