BO Mars 2015

On croyait bien connaître les giboulées de mars : une météo capricieuse, où l’hiver s’accroche désespérément  à ce qui lui reste. Mais cette année, les giboulées se sont concentrées sur le monde de la musique, où un tonnerre d’albums s’est abattu sur l’ensemble des disquaires du monde. Voici quelques unes des plus grosses rafales du mois.

 

Kendrick Lamar redonne au hip-hop ses lettres de noblesses

Voilà un petit moment qu’on attendait le second long format de Kendrick Lamar, To Pimp A Butterfly. A l’image des puissants titres que le rappeur de Compton a delivré ces derniers mois (et surtout l’incroyable The Blacker The Berry), cet album est une réussite totale, porteuse d’une originalité salvatrice pour le hip-hop moderne, noyé dans un surplus de productions électroniques. C’est d’ailleurs la production qui est la plus grande réussite de cet opus : Kendrick a réussit à créer un univers funk et soul, combinant les sonorités des premiers pas du hip-hop avec la qualité technique de 2015. En résulte des titres prêts à marquer au fer rouge ces prochaines années (King KuntaHood Politics).

 

Earl Sweatshirt revient vite et fort

Seulement une semaine après l’ouragan Kendrick Lamar, c’est Earl Sweatshirt (ou plutôt son label) qui débarque avec un album surprise, I Don’t Like Shit, I Don’t Go Outside. Et à l’image de son titre, cet album possède un fort pouvoir schizophrénique. Hanté par un beat lourd et des synthés déstructurés, le membre de Odd Future délivre un flow lent maîtrisé à la perfection. Moins de deux ans après l’immense Doris, Earl réussit à nouveau ce test, même si on peut lui reprocher la courte durée de l’album (moins de 30 minutes !), et donc un léger manque de variété au niveau des ambiances. Mais l’on tient quand même une belle réussite, qui confirme que le mois de mars 2015 restera gravé dans l’histoire du hip-hop.

 

The Prodigy, retour mitigé

En bon groupe des 90s, on sait tous que The Prodigy, c’était mieux avant. Mais on était tout de même excité à l’idée de découvrir ce que les anglais nous ont concocté. Après le mauvais Invaders Must Die, la galette s’appelle The Day Is My Ennemy. Verdict : « c’est moins pire qui si c’était pire »… Après beaucoup d’attente et de teasing, le sixème album studio du groupe reprend les codes qui ont fabriqué la légende, sans vraiment aller chercher plus loin. Sur les 14 titres, 7 ou 8 auraient suffit, car le big beat des anglais tourne vite à la réputation, avec des constructions quasi-similaires pour chaque morceau. Certains sortent tout de même du lot (The Day Is My EnnemyIbizaInvisible Sun) et rappellent toute la puissance de The Prodigy, souvent imitée, jamais égalée.

 

Kid Wise, la révélation pop française

Dans bien des cas, le principal reproche qu’on peut faire à la pop est le manque de richesse et de prise de risque. Avec Kid Wise, ce reproche ne marche pas. L’innoncence, le premier album de ce groupe toulousain, est une superbe surprise, qui utilise tout le pouvoir de la musique pour transporter des émotions et bâtir des ambiances. On est bien loin de la classique chansons 3-minutes-couplet-refrain. Ici, chaque titre explore un panel différent de sentiments et d’expérimentations, en maintenant néanmoins une cohérence solide tout le long du disque. Porté (un peut trop) par le single Hope, cet album cache de très belle pépites : le furieux Ceremony, la ritournelle Winter, ou encore la très belle ouverture de Ocean. On n’en esperait pas tant, et c’est ce qui fait la force de L’innoncence.

 

Nils Frahm offre le concept et son album de référence

Nils Frahm est un ovni dans le monde de la musique. Pianiste de grand talent, l’allemand gravite non loin des sphères électroniques de par certaines des ses compositions, ce qui lui offre un public bien plus vaste. L’occasion de décrasser l’image d’un instrument sous-exploité dans les musiques électroniques, avec l’instauration du Piano Day, le 29 mars. L’iniative a été soutenue par certains artistes (Tale Of Us, Chet Faker), mais c’est évidemment Nils Frahm qui marque le coup en offrant un album surprise, Solo. Comme son nom l’indique, on y retrouve Nils & son piano pour 42 minutes pour un récital.

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