I Love Techno annulé : à qui la faute ?

 

Événement majeur des soirées indoors françaises, I Love Techno France devait organiser ce samedi sa 4ème édition au Parc des Expositions de Montpellier. Mais 30 minutes avant l’ouverture, les organisateurs ont décrété l’annulation de la soirée, pour cause de désaccord avec la municipalité. Une perle de plus au long collier que représente les annulations d’événements électroniques suites à des décisions politiques. Mais qui est le réel responsable ? On vous explique notre point de vue.

 

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On dirait que le piaf veut se faire aussi gros que le bœuf…

Pour mesurer la chose, quelques chiffres s’imposent : I Love Techno en 2011, c’était 10000 personnes. En 2014, 35000 étaient attendues. Augmenter la taille de son festival de plus de trois fois en 3 ans, voilà quelque chose d’ambitieux ! Lors de l’édition de 2013, beaucoup s’étaient plaints de l’aménagement du site, jugé trop petit pour une si grande foule (27000 personnes cette année là). Les éditions passent, la capacité augmente, mais le lieu reste le même (bien qu’évidemment modulable).

C’est bien un problème de place qui serait à l’origine de l’annulation : le Parc des Expos ne serait pas adapté pour une correcte évacuation d’une telle foule. Pour cela, ces deux derniers mois, les organisateurs ont présenté trois différents dossiers sur le sujet à une commission, tous trois refusés pour cause de non­ respect de certaines normes. Pour faire complet, voici le communiqué de presse de la préfecture.

Certes, chaque interdiction d’événement électronique par une case politique s’appuyait sur ce type d’arguments, qui étaient souvent injustifiés. Mais le cas I Love Techno concerne un événement d’une ampleur beaucoup plus grande, qui doit drainer un beau profit pour les commerces et hôtels de la région. Avec un public plus nombreux que celui d’une journée d’un festival outdoor comme les Eurockéennes, il faudrait être de mauvaise foie pour nier l’existence de problèmes potentiels.

 

Un organisateur trop organisé

Comment ne pas reconnaître que ce festival n’est qu’une pompe à fric, à des années lumières de l’esprit techno et underground que tentent de conserver les plus petits festivals eux aussi annulés, car jugés néfastes pour l’image de certains politiques.

Proposant des conditions indignes d’accueil du public (eau, place) pour un prix si élevé (38€), le festival ne cache pas cet appat du gain.

En fait, l’organisateur n’est pas un collectif de passionnés ou une association locale. L’organisateur de I Love Techno France, c’est Live Nation, une boîte de tourneurs qui génère 5 milliards de chiffre d’affaires annuel, responsable des tournées de Madonna, U2, Lady Gaga et bien d’autres popstars de cette espèce. Dur d’être certains qu’ils « aiment la techno ».

 

Amis de l’underground, vous choisissez le mauvais martyr !

À chaud, les réactions du public venu en masse sont virulentes et la faute est rejetée vers le maire, pourtant enclin à cet événement dans des conditions saines. La faute a une impression de déjà vu (particulièrement dans la région de Montpellier), mais aussi car ce sont ces acteurs qui ont le dernier mot.

Il paraît tout de même important de se renseigner sur ce type de sujets, car les actes qui en découlent peuvent marquer des esprits, dans le bon comme dans le mauvais sens. Et ce n’est pas en insultant le maire ou en saccageant le site du festival qu’une belle image du public techno perdurera. Rave on!