Freakz! – Dock des Suds – 22/11/14

Samedi 22 novembre, le label Audiogenic et Electrobotik investissaient le Dock des Suds de Marseille à l’occasion de la tournée Freakz!. Cette date là était un test tout particulier pour les organisateurs, qui ont pris le pari d’ouvrir cette soirée à une large palette représentative des déclinaisons du coté obscur des musiques électroniques. Récit d’une soirée qui fera date dans l’histoire de l’underground français.

 

Pour cette halte à Marseille, l’un des centres les plus importants du hardcore français, les organisateurs ont choisi de voir tout en grand : 4 scènes (techno, hardcore, trance et bass), toutes équipées de Funktion One (même aux retours !), ont délivré des flots de basses durant 8 heures en non-stop. La fête était totale tellement le site ruisselait de détails : stand de jeux-vidéo retros, manège à sensations, mais aussi un concept Circus pour la scène techno (chapiteau, deco, paillettes, acrobates…) ainsi qu’un jeu de lasers et de flammes assez hallucinant sur la hardstage. À mi-chemin entre régal technique et délire kitsch, cette soirée s’annonçait ambitieuse.

IMG_8477

Les portes des Docks s’ouvrent autour de 22h. Les immanquables étant bookés pour le milieu de la nuit, les deux premières heures nous serviront à prendre la température générale du site. La palme reviendra sans contestation à la scène hardtek, qui se montre déjà blindée seulement une heure après l’ouverture. Si la musique l’avait permis, on aurait peut-être essuyé une larme en regardant le triomphe d’un Darktek qu’on avait l’habitude de voir jouer devant 250 personnes à tout casser. C’est avec 10 fois plus de monde et une pluie de lasers que la hardtek commence la fête à fond les ballons. L’autre scène bien fréquentée fut le chapiteau techno, on a pu voir le joli succès du local David Prap, distillant une techno mélodique et dancefloor avec panache.

IMG_8580edit

Coté trance, l’allemande Djoanna puis la Hadra boy Kokmok font le boulot à grands coups de progressive, ce qui attirera le public en masse, dans une salle trop petite pour une scène trance, où 1m carrés sont nécessaires pour taper du pied en paix (et en rythme). Enfin, la scène bass sera la moins fréquentée, avec une prog tendant surement trop vers un dubstep gras et sans âme. On retiendra tout de même la belle performance des Tambour Battant, qui confirment tout le bien qu’on dit de leur live. La palme de la technique reviendra à Scarfinger, qui, à la manière d’un Araabmuzik, matraquera sa MPC durant une heure, pour finalement malheureusement lâcher un brostep assez insipide.

IMG_5097

Le colosse suédois Gaudium lancera les hostilités avec une prog ravageuse qui fera rugir de joie un public qui ne s’attendait visiblement pas à ça. Coté techno, Christian Valera montre une grosse maîtrise technique et offre un mix très réussit. Mais c’est sur la scène hard que l’ambiance est la plus folle, car Billx et Floxytek lâchent une hardtek diablement efficace, rendant la foule hystérique au moment du passage vers le hardcore par les maîtres en la matière, Lenny Dee et Manu le Malin. Un set bien oldschool qui débutera avec un interminable scratch de l’américain, avant de partir vers des horizons violents, accompagnés de flammes qui ont réchauffé convenablement les premiers rangs. Mention spéciale pour Manu le Malin, qu’on rêvait de voir depuis un bon moment. La légende la rave française ne nous aura pas déçu, se montrant bouillant devant le public et jouant avec grande classe sur vinyl.

IMG_5175

On revient ensuite à la techno pour se frotter à la hi-tech minimal de Boris Brejcha, tête d’affiche de la soirée. On l’attendait de pied ferme, et l’allemand tiendra son rang, comme le montrera la fréquentation du chapiteau. La dernière demi-heure de son set sera de très haute intensité, et le meilleur moment de notre soirée. Speedy J prend le relais et dévoile un set très technique et assez violent, ce qui lui vaudra les respects de Manu le Malin. Un petit tour sur les autres scènes nous prouvera que la techno est la room pour finir la soirée : la trance de Symphonix est bien trop dancefloor, le dubstep de Niveau Zéro trop gras, et les très attendu Tieum et Evil Activities jouent leur hardcore dans une salle soudainement assombrie et moins chauffée que les heures précédentes. C’est donc devant le versus de Electric Rescue et The Driver (l’alias techno de Manu le Malin) qu’on finira notre soirée. Le set sera une nouvelle fois de très bonne qualité et rondement mené, même si on aurait aimé plus de variations dans les sons joués.

IMG_5188

 

Pour faire bref, la version marseillaise de Freakz!, étape majeure de la tournée, fut une belle réussite. Avec une programmation très riche, un site convenablement exploité (on regrettera tout de même les problèmes de circulation du fond de la scène trance) et un public bien présent, les critères d’une bonne soirée sont bien remplis. On observe également que la programmation hardcore n’était pas vraiment plus mise en valeur vis à vis des autres scènes, mais que c’est bien celle-ci qui a remporté le plus grand succès, d’une demi-tête devant la techno. On tient donc la preuve que l’underground est de retour au sommet, générant l’une des plus forte fréquentation annuelle des Docks des Sud, un complexe musical parmi les plus importants de France. À l’heure où ces musiques sont plus abandonnées que soutenues par les acteurs publiques du pays, voici la plus belle des réponses que l’on pouvait leur offrir !
 

Notre album photo est disponible au complet sur ce lien : https://www.facebook.com/media/set/?set=a.802219459800786.1073741894.422183771137692&type=3