Retrospective 2013 [3/3] : 12 mois, 12 évènements

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que 2013 fut une année musicale fantasque, avec ses hauts et ses bas en forme de grand huit vertigineux. Outre l’apparition de nouveaux espoirs, la confirmation de futurs grands, l’apogée de certains géants, 2013 fut aussi l’année du leak, du streaming d’albums, de l’hyper-promotion inventive et abusive, des albums et collaborations surprises, des hommages répétitifs, de la disparition de grands noms de la musique du XXème siècle.

Le troisième et dernier volet de cette retrospective revisite l’année en 12 étapes, une par mois. Un album, une promotion, un retour, un festival… Nous avons essayé de raconter au mieux 2013 via ces divers évènements.

 

Janvier, le retour de Bowie

C’est la première belle surprise de 2013. Le 8 janvier, jour de ses 66 ans, le my(s)t(h)ique David Bowie, complètement absent de la scène musicale depuis 9 ans, annonce son retour avec un nouvel album. Une surprise de taille, car on pensait bien que Ziggy avait définitivement rangé sa guitare, suite à de nombreux problèmes de santé. Un premier clip sort ce même jour, et un nouvel album, The Next Day, est annoncé pour mars. Cet album sera d’ailleurs une réussite, et l’une des grandes satisfactions de l’année. Une nouvelle version de l’album, remixé, sort à la fin de l’année. Bowie demeure néanmoins discret : on peut l’apercevoir dans certains clips, il prête sa voix au Reflektor d’Arcade Fire, mais c’est globalement tout. Pas de concerts de prévu, mais on ne désespère pas !

David-Bowie

Février, le malheur de Phoenix

C’est ce mois-ci que les versaillais de Phoenix choisissent pour annoncer leur retour. Beaucoup d’engouement pour ce groupe qu’on n’avait plus vu depuis le très bon Wolfgang Amadaeus Phoenix et son succès monumental (critiques élogieuses, un Grammy Awards, une tournée américaine gigantesque conclue par un rappel avec les copains de Daft Punk au Madison Square Garden de New-York…). On aurait pu s’attendre à une promo longue (l’album, nommé Bankrupt!, ne sortait que le 22 avril). Un premier single (Entertainement) fera rapidement suite au teaser épileptique mis en scène sur le site web du groupe. Et puis on apprend, d’un coup d’un seul, que l’album a leaké et est facilement trouvable sur internet, deux mois avant sa sortie ! Un coup dur pour le groupe, qui a perdu beaucoup de ventes sur ce litige. Néanmoins, leur tournée (qui durera encore jusqu’à au moins l’été 2014) est un franc succès, tout comme cet album.

 

Mars, Daft Punk part en campagne

S’il est un album qui a marqué 2013, celui de Daft Punk devrait être celui cité le plus souvent. Au delà de la qualité de l’album, c’est la titanesque campagne de promotion lancée par le label Columbia Records qui a marqué les esprits, quitte à écœurer pas mal de monde avant que l’album ne sorte. Méthodes de promotion innovantes, launch parties ultra-privée, album gardé dans une mallette codée et protégée par des agents de sécurité, extraits lâchés au compte-goutte… Tout a été fait pour orchestrer une attention maximal autre de cet album. Le résultat est là : les 15 premières secondes de Get Lucky, diffusées lors du Saturday Night Live, ont été remixées, reprises, bouclées dans tous les sens, alors qu’elle ne représentaient pas grand chose. Cet engouement a d’ailleurs ouvert les portes du mainstream aux deux robots, qui sont bien loin de la période où ils composaient leur techno de rave sous acide. Résultat : des collaborateurs de différents univers, un succès commercial incroyable, des singles diffusés sur toutes les radios du monde… Pas de doute, la période Random Access Memories fut faste et intense, et n’a pas encore dévoilée tout ses secrets !

 

Avril, Coachella est toujours au top

Pour la 14ème année consécutive, un bout du désert californien se transforme en oasis musical, où se succèdent les plus grands noms de la scène indé, pop, rock et hip-hop. Pas d’exclusivités titanesques pour le cru 2013, mais une prog tout de même alléchante : Phoenix de retour sur scène après 3 ans d’arrêt, Blur entame une nouvelle tournée, les Red Hot Chilli Peppers qui donne l’un de leur très rares concerts pas dans un stade. Voilà les 3 têtes d’affiches. Les noms de James Blake, Richie Hawtin, Alt-J, Major Lazer, Vampire Wekkend ou TNGHT sont également attirants. Car si se rendre à Coachella est extrêmement compliqué pour nous, vulgaires européens, on peut se rattraper devant notre ordinateur : la plupart des concerts présentés pendant plus de 12h par jour sur 6 scènes sont visionables en direct sur Youtube. Avec un prog aussi riche et variée, c’est une aubaine de profiter d’un festival au fond de son lit. coachella2

 

Mai, Kanye West réinvente le rap

On connaissait très peu d’informations sur l’album à venir de Kanye West, si ce n’est qu’il était décrit comme extrèment violent, roque par ses producteurs, comme Daft Punk, Hudson Mohawke ou Rick Rubin. Certains lives télévisés nous l’ont prouvé, et l’attente est rapidement devenu grande. Finalement, au terme d’une campagne de promotion médiocre (pas de singles, pas de clips, pas de buzz), l’album Yeezus leak quelques jours avant sa sortie. Pour les uns, c’est la confirmation que Kanye englobe définitivement tout ce que le terme  »artiste » contient : créativité, folie, excès… Pour les autres, l’américain s’enfonce simplement dans un délire qu’il s’est lui-même créer, et perd tout l’intérêt qu’il pouvait avoir. Ce bilan tranché est confirmé par le très gros succès critique de l’album, mais par les faibles ventes (tout est relatif) qu’il engendre. En tout cas, l’album est à l’image de cette année : fou, surprenant et réussit.

 

Juin, Disclosure s’impose au monde

Extrêmement attendu, l’album Settle du jeune duo (19 et 21 ans) anglais Disclosure sort le 31 mai. Juin sera le mois où le monde va découvrir cet album et la fratrie qui se cache derrière, suite à un énorme succès critique, inespéré pour un groupe de UK Garage. La musique de Disclosure se répand à vitesse folle partout dans le monde, envahit les sonos des compétitions sportives, des grandes surfaces, des clubs. Le groupe squatte le top des charts, surtout en Angleterre, pays qui a toujours été difficile avec ses artistes proposant une musique d’origine underground. Suivra une tournée mondiale où les frères Lawrence exprimeront tout leur talent de multi-instrumentistes.

 

Juillet, un grand crux de festivals

Une preuve que 2013 fut une année musicale réussie, c’est le succès qu’on connut les festivals d’été européens. La preuve avec une météo excellente (pas de boue en vue aux Eurocks et à Dour, contrairement aux folies de 2012), des programmations éclectiques et de bonnes affluences en général. Les Eurockéennes (Belfort) et Dour (Belgique) fêtent d’ailleurs touts deux leur 25 ans avec des éditions exceptionnelles, où grosses têtes d’affiches et exclusivités de qualités s’enchaînent. Avec des programmations plus mainstream et moins risquées, Musilac (Aix-Les-Bains) et le Main Square (Arras) réussissent également leur coup et confirment qu’ils comptent parmi les festivals les plus important. Les Vieilles Charrues (Carhaix) signent une année un peu moins faste qu’en 2012, mais demeurent, en termes de billets vendus, le plus gros festival français. Les festivals plus petits (Garorock, Art Rock, Francofolies…) portent également un bilan positif. Rassurant !

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Août, le Hadra Trance Festival clôture l’été en beauté

De touts les festivals privilégiant un genre, c’est bien celui de l’association grenobloise Hadra que nous préférons. Durant à peu près 100 heures, la station de ski de Lans en Vercors (38) vit et respire la trance quelque soit le l’heure ou la météo. Dans un cadre naturel incroyable pour un festival de musique, la musique sublime ce décor de montagne. L’état d’esprit est bien loin des préjugés diffusés par certains langues malfaisantes : on a affaire au festival le plus vert d’Europe, où les festivaliers, pas toujours sobres, restent respectueux de la nature, de leur voisins et des bénévoles et organisateurs. Pour les blasés, le camping reste le lieu parfait pour prendre l’apéro quelque soit l’heure. Et si la trance et le camping vous énerve, la scène alternative ou les chill-out sont d’excellents lieux de détentes. Définitivement l’endroit où être pour clôturer la saison des festivals en beauté. Malgré de grosses difficultés financières, Hadra semble reconduira une nouvelle édition en 2014. Et on sera là !

 

Septembre, une rentrée musicale très riche

En septembre, on n’a pas retenu un album en particulier, mais plutôt une liste entière. On a le droit à de belles découvertes, surtout en pop féminine britannique : sensuelle avec London Grammar, plus dansante et synthétisée avec CHVRCHES.  Concernant les cadors, Arctic Monkeys et MGMT poursuivent sur la route qu’ils avaient commencé pour leur albums précédents : encore plus américain pour les premiers, plus psychédéliques pour les seconds. Attendu durant tout l’été, le français Jackson & His Computer Band revient 8 ans après son premier album, et confirme une fois de plus tout son talent de producteur en créant un album à l’univers très riche et varié. Pour le plus mainstream, Placebo ravi ses fans en offrant un album à la hauteur des précédents. En bref, la rentrée fut balaise !

 

Octobre, la disparition de Lou Reed

A l’instar de son grand ami David Bowie, Lou Reed a fait parlé de lui cette année, mais pour une raison complètement opposée. La nouvelle a débarqué subitement et a pris tout le monde de court. Le 27 octobre, on apprend la mort du leader du Velvet. Peu d’informations ont été données, si ce n’est que le chanteur avait reçu une greffe de foie quelques mois plutôt, et que des complications seraient à l’origine de son décès. Lou Reed laisse derrière lui un héritage immense, notamment une discographie chaotique, variant du rock glam à l’expérimental. Malgré une vie agitée, où cures de désintoxications et albums poétiques noirs (Berlin) se succédaient, le chanteur jouissait d’une grande popularité. Les dernières traces musicales qu’il a laissé ne sont malheureusement pas les plus belles : le loufoque Lulu en duo avec Metallica, qui fut un échec, mais demeure une preuve de l’éclectisme et de l’indépendance de Lou Reed.

 

Novembre, la troupe d’Arcade Fire reprend du service

Une nouvelle fois, ce sont les promotions qu’on retient. Celle d’Arcade Fire est l’une des meilleures qui fut cette année. Les canadiens ont toujours aimé se mettre en valeur de manière remarquable. PourThe Suburds, en 2010, ils avaient loués un camion et étaient venus lancer, en exclusivité, leur album sur play sur le parking d’un supermarché. Pour Reflektor, la troupe à Win Butler a d’abord diffusé un clip magnifique pour le single éponyme, avant de faire un Saturday Night Live de folie, filmé par Roman Coppola, mixant performances scèniques avec second degré. De multiples autres vidéos suivront pour préparer le terrain d’un très bon album, une fois de plus. Autre originalité : il est demandé d’être déguisé à touts leur concerts, afin que la fête soit plus folle. Nous, cet été, on le sera !

 

Décembre, Beyonce frappe très fort

Alors que l’actu musicale se concentre plus sur les tops et les rétrospectives de l’année, dans la nuit du 12 décembre, la diva Beyonce sort un album en téléchargement iTunes. La surprise est totale : aucune info n’avait filtré, et les yeux n’étaient alors pas tournés vers elle. Voilà un premier exploit que de réussir à générer une surprise de cette taille pour une artiste de cette importance. Le deuxième truc, c’est que cet album, éponyme, est aussi appelé The Visual Album. Le terme prend tout son sens quand on regarde le contenu de l’album : 14 titres, 17 vidéos. Soit un clip pour chaque titres, plus quelques bonus. Et Madame Carter ne s’embourbe pas dans un travail qui tourne en rond : chaque vidéo est différente de la précédente, chacune à son univers, et le tout donne quelque chose de bien varié. La dernière satisfaction, et c’est bien la plus importante, c’est la qualité de l’album. Varié, bien produit, très bien chanté, l’album est complet, et redonne le sourire à la musique mainstream. Le succès est d’ailleurs là : plus de 1 millions de rechargements en 5 jours, soit le record absolu sur le net. Queen B a parfaitement joué son coup en profitant du buzz d’une méthode osée avec un album artistiquement risqué. Et elle réussit là où les Lady Gaga, Rihanna ou Nicki Minaj échouent : renouveler le mainstream féminin.