Retour sur Saint Michel

Pochette Saint Michel - Making Love & Climbing

Saint Michel c’est le duo entre deux jeunes gars – Philippe Thuillier, 29ans et Emile Larroche, 19ans – qui se fait repérer avec son Ep I Love Japan sortie en Septembre 2012. Découvert pour ma part début 2013, c’est un coup de cœur qui vient réchauffer les environs hivernaux avec un titre extra-ordinaire, produit avec parfaite originalité, Katherine, c’est un peu comme Intro de M83, après avoir écouté ce genre de morceau, le reste paraît a priori diablement fade… Mais le reste de l’Ep se défend bien dont le titre éponyme – qui est aussi présent sur l’album – dévoilant un peu plus l’univers du groupe, structuré autour d’une partie basse assez stimulante, très agréable.

À la question “Comment qualifieriez-vous votre musique ?”, ils répondent “Communément, c’est Pop Music, avec des instruments électronique comme le synthétiseur, tous synthétiseurs et beat machines dès années 80’ et du Japon”. Un Japon qui se retrouve aussi dans le titre Tokyo, mais pas explicitement dans les sonorités, du moins ce n’est pas aussi frappant et direct que sur le dernier album de Phoenix, l’influence se retrouve avec beaucoup plus de finesse, quelques traits, mais surtout dans l’organisation, le rythme saccadé qui peut sans doute faire écho. Ce beat discontinue se retrouve d’ailleurs sur pas mal de titre, tout en ayant une imposante couche de synthétiseurs en aval, et c’est un des traits bien plaisant de cette musique, une base déstructurée avec des titres très bien approfondis. Une sorte d’electronica sublimée par la pop. Saint Michel surprend donc dans un premier temps par la forme, et propose encore une nouvelle traverse dans la recherche de sonorités, des arrangements. Le groupe s’essaye à la découverte d’harmonies fraîchement composées, avec leurs synthés & beat machines bien sûr – pour la plupart plus âgés qu’eux – mais aussi avec des instruments classiques, la basse donc, quelques riffs simples de guitare mais très bien placés, et une partie qui n’est pas des moindre sur Ceci n’est pas une chanson, le duo s’est offert John Helliwell, le saxophniste de Supertramp qui est venu poser à merveille son instrument sur un titre aux multiples facettes, résumant bien l’esprit de l’album.

De nombreuses facettes qui créent un album hybride, avec la coexistence – et non la simple addition – de plusieurs styles. Il aurait peut être été reçu comme un ovni il y a quelques années, c’est aujourd’hui la promesse de nouvelles perspectives. Une pop sensuelle qui a l’audace et le génie de ne pas glisser dans le subjectif qui est si bien représentée aujourd’hui dans le mainstream ambiant. Même sur un titre comme 77, Saint Michel maîtrise avec finesse des envolées lyriques qui serait certainement reprochées à notre pauvre Bellamy, mais qui sont si bien proposées, pleine délicatesse.

Dans cette accouplement entre pop et électronique, l’album se clôt sur une majoration de basses maîtrisée parfaitement, qui démontre vraiment la dualité du potentiel de ce groupe.
Saint Michel livre un travail original, très perfectionné et réfléchie, pigmenté de sonorités aux couleurs apaisantes, sensuelles, mêlées de quelques frissons nostalgiques. Ce qui fait de ce groupe une de mes plus belles découvertes de cette année, avec un album à la hauteur de l’avant-goût proposé dans l’ep, on se retrouve cet été pour une expédition live.