MGMT – MGMT

1209325_10152216230559768_119502203_nLe duo américain formé de Andrew VanWyngarden et de Ben Goldwasser revient sur le devant de la scène, avec un album éponyme. Ce MGMT s’inscrit dans la lignée du précedent opus sortit il y a 3 ans, le loufoque Congratulations. Ici, le duo n’en fait une nouvelle fois qu’à sa tête en sortant un album encore plus tordu que le précédent, en rupture total avec l’usine à tube styles Kids ou Time To Pretend qu’était le premier album Oracular Spectacular. Un bon point pour justifier une liberté artistique totale rare pour un groupe de cette ampleur, à condition de ne pas pousser cette liberté trop loin.

 

MGMT, c’est avant tout un groupe qui n’est absolument pas là où il veut l’être. Connus du très grand public pour les tubes KidsElectric Feel ou Time To Pretend, le duo a décidé d’esquiver cet avenir jonché de tubes qui lui était promis pour aller là où peu les attendais. Exit donc les supertubes, place aux chansons psychédéliquement loufoques de Congratulations, néanmoins très bien accueillies par la presse, plus ou moins bien par les fans des débuts. MGMT poursuit la rupture en poussant le délire encore un peu plus loin. Il devient encore plus difficile de se repérer dans cet album à l’aide d’un titre capable de se détacher du lot. Le tout forme un voyage de 45 minutes trippé d’arrangements allant des influences 60s psychédéliques de Syd Barrett à l’electro actuel d’Aphex Twin.

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On a entendu parler du retour du duo la première fois lors de leur tournée sud-américaine début 2012. On y retrouvait notamment le titre Alien Days, qui ouvre l’album. En live, et comme c’est malheureusement souvent le cas avec MGMT, le titre n’avait rien de particulier qui se dégageait, peu de saveur. Finalement, la version studio est plus satisfaisante, avec pas mal de jeux sur les voix, tantôt enfantines, tantôt graves, tantôt aiguës. Musicalement, on est dans le prolongement de Congratulations, sans plonger directement dans les extrêmes. La palme du morceau le plus extrême de l’album, dans le sens du moins abordable, revient certainement à Astro-Mancy, titre syncopé de battements rappelant Atom For Peace, porté par une voix sobre et lointaine. Ces voix endormies, on les retrouve sur le très bon Cool Song No. 2. Une nouvelle fois, la batterie est libérée de toutes contraintes de forme. On se retrouve ainsi à nager parmi un piano désaccordé imbriqué dans un rythme liquide, trip récurent chez MGMT. Introspection marque convenablement les esprits, avec un rythme aux roulements de batteries secs, une guitare rangée, des chants se permettant d’aller titiller plus haut. Au final, c’est certainement la chanson la moins déstructurée de l’album. A moins que ce ne soit le très court et bordélique Your Life Is A Lie, dont le clip timbré est un bon résumé. Parmi les autres titres plaisants, on retiendra A Good Sadness et surtout l’entraînant Plenty of Girls in the Sea, titre rappelant le chant des Kinks.

Toujours plus tordu, MGMT est une suite logique à l’évolution du groupe. On regrettera que ce changement fasse parfois disparaître de belles choses au profit d’éléments moins charmants. Ainsi, les voix sont beaucoup moins entêtantes que sur les deux précédents opus, où elles étaient moins filtrées et plus vivantes. Néanmoins, cela colle parfaitement à l’atmosphère de l’album. La musique de MGMT est toujours plus inspirée, originale, et devient extrêmement riche. D’ailleurs, l’album prend une dimension supplémentaire au casque. La prochaine étape pour le groupe concerne le live, car retranscrire la complexité MGMT en concert semble un défi de taille pour un groupe à la peine dans ce domaine.

7/10

  Artiste : MGMT
  Album : MGMT
  Label : Columbia
  Genre : Electro-Rock Psychédélique
  Sortie : 17 septembre 2013