London Grammar – If You Wait

If You Wait

Nouvelle révélation anglaise, le trio London Grammar, encore inconnu au début de l’année, déboule en trombe avec If You Wait, leur premier LP. Entre pop, trip-hop, ambient et électronique, les londoniens ressuscitent brillamment une musique des années 90 en ajoutant une touche moderne indispensable. Constitué de chants magnifiques, d’arrangements sonores aboutis, cet album fait rentrer London Grammar dans le cirque de la pop par la plus grande des portes. Chronique de l’album pilier d’un groupe promis à un bel avenir.

 

En décembre dernier se dévoilait, à travers le titre Hey Now, un nouveau groupe venu de nul part. London Grammar, c’est la fusion de Hannah Reid, Dan Rothman et Dot Major, 19 ans de moyenne d’âge. 10 mois plus tard, ce jeune trio appartient bel et bien à cette fantastique génération anglaise en train d’émerger. On connaissait The XX, SBTRKT, James Blake, sur le devant de la scène depuis maintenant quelques années. En 2013, on découvre Disclosure, AlunaGeorge, Jessie Ware et maintenant London Grammar. Cette nouvelle génération a à cœur de bouleverser les codes, piochant minutieusement dans une musique en perte de vitesse (la UK house de Disclosure, le trip-hop de The XX), et ajoutant une touche moderne pour créer quelque chose de neuf (le r’n’b house d’AlunaGeorge, le dubstep de SBTRKT). London Grammar n’échappe pas à la règle, et en est même un cas d’école.

Le trio est parfaitement complémentaire. Les deux messieurs, armés de guitares, basses, batteries, claviers ou boites à rythme, créent une ambiance tantôt mystique, à mi-chemin entre trip-hop et pop, tantôt rappelant les arrangements de The XX. L’apport de l’ordinateur offre une dimension supplémentaire à cette musique. De son coté, Reid nous envoûte avec une voix magnifique, alliant la force d’une Florence Welch au charme d’une Lana Del Rey. Sa voix se colle partout : on a notamment pu la découvrir sur le splendide Help Me Lose My Mind de Disclosure il y a quelques mois.London Grammar

La performance vocale est d’ailleurs l’atout principal de London Grammar. Hey Now, morceau d’ouverture, repose sur cette voix forte capable de s’envoler vers des tonalités peu titillées de nos jours. Sur Wasting My Young Years, titre le plus connu du groupe, la voix est sublimée par une mélodie mélancolique composée de simples accords de piano superposés à une efficace batterie pour le refrain. La guitare fait son effet et se combine à merveille avec le chant. Les autres titres de l’album sont dans la même trempe. On retiendra le calme Interlude, la balade Sights qui offre un chant varié et un refrain splendide, ou bien encore Strong, titre portant bien son nom mais montrant tout de même toute la sensibilité que dégage la musique de London Grammar. On trouve également une superbe reprise du Nightcall de Kavinsky, chanson collant parfaitement à l’univers spacieux des londoniens. Un beau piano, un chant capable de se transfigurer et de nous arracher de grands frissons, une montée progressive amenant à un tempo entêtant porté par une boite à rythme très bien calibrée. Tout est réunit pour avoir la plus belle reprise de ce morceau tant revisité. If You Wait, titre concluant l’album éponyme, nous montre un peu mieux les symphonies dont sont capables les deux garçons cachés derrière la voix d’Hannah, en nous offrant un très beau final symphonique.

D’un seul coup de baguette magique, London Grammar donne un second souffle à cette pop 90s qui jouait pratiquement tout sur la voix. L’arrivée soudaine du timbre de Hannah Reid rompt avec la pop instauré depuis quelques années, beaucoup plus monocorde. L’apport des deux musiciens est également fondamental, modernisant et variant la musique du groupe. London Grammar offre à Londres unes des ses plus lettres de noblesses de nos jours.

8/10

  Artiste : London Grammar
  Album : If You Wait
  Genre : Indie Pop
  Label : Metal & Dust Recordings
  Sortie : 9 septembre 2013