Jackson And His Computer Band – Glow

glowJackson est de ces artistes aussi discrets que talentueux. Apparu entre les deux grandes vagues de la musique électronique française, celles de Daft Punk et de Ed Banger, le blondinet ne montre que très rarement son minot pour un set, et encore moins pour sortir de nouveaux sons. Accueillons donc jovialement Glow, nouveau LP ayant la lourde tâche de succéder à l’excellent Smash, sortit en 2005, une époque où bon nombre d’entre nous n’avait encore jamais entendu parler « d’electronica ».

 

Il y a un peu plus d’un an, Xavier de Rosnay de Justice déclarait que le futur album de Jackson allait marquer au fer rouge la musique électronique. Ajoutez à cela un premier album de très haut niveau, un long isolement pour préparer ce second opus, et un live entamé cet été complètement destructeur, et vous comprendrez que Glow est fait pour être l’album de la rentrée, voir plus si affinités. Et après écoute, tout cela se confirme : Jackson est définitivement une perle rare dans le paysage musical. Épaulé par son « computerband », le français maîtrise et crée ses symphonies comme un grand classicien, en offrant le tout à un public très pointu ou bien simple amateur de musiques électroniques.

computband

Sur Glow, les voix sont bien plus présentes qu’auparavant. Elles sont également plus variées, avec la présence de voix féminines, comme sur Dead Living Things, titre aux accents tantôt rock, tantôt trip-hop, appuyé par une basse abrasive et un rythme lent. Ce coté old school, récurent dans la première partie de l’album, l’est notamment avec le rocky G.I. Jane, premier single de l’album. Le morceau d’ouverture, Blow, mérite lui aussi une mention, avec une ligne calme et nostalgique, entrecoupée par un refrain beaucoup plus péchu très bien construit. A partir de Blood Bust, l’album change de direction, avec ce premier titre « banger » à souhait, qui fout un joyeux bordel en live. Suit pas très loin Arp#1 et ses sirènes omniprésentes. Ce titre est d’ailleurs un des plus abordables d’un disque plus accessible qu’on ne peut y croire à la première écoute.

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Mention toute particulière au superbe Orgysteria, titre qui porte bien son nom. On est porté pendant plus de 6 minutes par ce déluge de richesse de sons, comme ce synthé sombre mais splendide dans la première partie du morceau. Un superbe voyage maîtrisé de bout en bout. Pour ceux qui préfèrent taper du pied, Pump est plus appropriée avec ses roulements électroniques déchiquetés par de grands cuivres. Un must have que l’on attendait depuis le temps que Justice joue une version demo de ce titre en intro de ses dj set. On regrettera peut-être simplement que l’angoissant passage à vide au milieu du track est un peu long, mais le final nous le fait vite oublier. Memory est un belle ballade, portée par un très bon chant. Osons nous l’imaginer comme la bande annonce de notre comédie dramatique. Billy et ses 8 minutes finales résument convenablement cet album : complexe, beau, futuriste, instable et explosif, insaisissable.



Extrêmement riche et complexe, mais néanmoins plus accessible que son prédécesseur SmashGlow est à la hauteur des attentes qui lui était porté. Jackson livre un opus bien pensé, là où il doit être. Quelques reproches s’élèvent quand même : une reverb parfois perturbante, une tracklist un peu désordonnée (on aurait bien échanger Seal avec Memory)… Mais tous ces élèments ont bel et bien étaient voulus par Jackson himself, donc faisons mine basse. Espérons simplement que le prochain arrivera avant 2021.

8/10

 

  Artiste : Jackson And His Computer Band
  Album : Glow
  Genre : Electronica
  Label : Warp Records
  Sortie : 2 septembre 2013