Black Sabbath – 13

Il était une époque pas si lointaine où on pouvait être chevelu, porter des pantalons en cuir moulant, avoir une moustache et être complètement badass parce qu’on jouait du heavy métal. Ce temps est révolu, mais les figures de proues du genre sont elles toujours de ce monde, et toujours en forme. Je parle bien entendu de ces demi-dieux, fondateurs du métal tel qu’on le connaît maintenant, que sont les Black Sabbath. Légendes vivantes, symboles de tout un mouvement, les membres de ce groupe ont su traverser les aléas du temps avec brio, et leur frontman Ozzy Osbourne, l’autoproclamé « Prince of Darkness », n’a jamais perdu de sa verve!  Et voilà que ce groupe mythique est de retour avec un nouvel album, sobrement intitulé 13. Sachant que le dernier album du groupe au complet datait de 1995, on pouvait se permettre d’être impatient!

Pour ne pas déroger aux bonnes habitudes, on se penche avant tout sur la couverture du CD. Le groupe a fait appel à un sculpteur professionnel pour construire un 13 de 8 pieds de haut, qui a ensuite été enflammé. C’est classe, et ça colle à l’esthétique du groupe. Premier bon point, donc.

L’album débute avec End of the Beginning, qui nous met une bonne claque dans les tympans, avec une intro toute en puissance. Guitare réglée plus basse que la moyenne, batterie qui claque dans les oreilles (le batteur de Rage Against The Machine, Brad Wilk, vient renforcer le trio fondateur), on sent tout de suite cette touche très Black Sabbath! Et lorsqu’arrive la voix d’Ozzy, appuyée par une basse saturée et de légers coups de batterie, on se sent comme pris aux tripes! Mais ce n’est qu’après cette longue introduction que le morceau se révèle réellement, démontrant la puissance du jeu de guitare de Tony Iommi, en particulier sur ses deux solo, ou on l’imagine déchainé sur sa Gibson SG. Une digne introduction à l’album!

On enchaine sur God is Dead, premier single de l’album. Dès l’introduction, l’ambiance est très sombre et très calme, les accords sont très bas, on se demande ce qui va arriver, et d’un seul coup, BAM! gros riff de guitare, puis retour au calme, afin de permettre à Ozzy de poser sa voix nasillarde et dérangeante sur une ligne de basse angoissante. La structure du morceau est très intéressante, car on peut clairement le diviser en deux parties: une très calme (durant les 5 premières minutes du morceau), et une partie plus rapide, et plus technique, avec des riffs accrocheurs de la part de Tony Iommi, et un solo un peu court pour le coup… Si on se penche sur les paroles, le texte s’axe principalement autour de la citation du philosophe Nietzsche (dont le visage se retrouve sur l’illustration du single au coté d’un champignon atomique) « Dieu est mort » (God is Dead en anglais). On est donc toujours dans ce thème de mort, assez lugubre, qui avait fait la notoriété du groupe à ses débuts.

https://soundcloud.com/kering/black-sabbath-god-is-dead

Loner s’inscrit beaucoup plus dans la tradition des premiers albums de Black Sabbath, avec une batterie très classique du genre, et un jeu de guitare dont le rythme ne laisse pas insensible et donne envie de se dérouiller la nuque, nous rappelant que Tony Iommi n’est pas le roi du riff lourd pour rien! Mention spéciale au superbe solo dont on est gratifié, avec un bel effet phaser qui ajoute un indéniable plus à un morceau déjà excellent. Une belle réussite dur l’album, qui fédèrera les vieux de la vielle et les nouveaux autour d’un même morceau.

Zeitgest (esprit en allemand), c’est la ballade de l’album. On y retrouve donc une guitare sèche, une basse et des percussions qui restent très discrètes, et la voix d’Ozzy Osbourne, avec un effet qui la rend évanescente et très plaintive. Une fois de plus, on ne peut qu’être impressioné par la justesse de sa voix, qui n’a quasiment pas changé depuis son dernier album solo. Une fois de plus, superbe solo à la fin, on sent que Iommi est en forme. Clairement mon gros coup de coeur de l’album.

Sur Age of Reason et sur Live Forever, je ne m’attarderai pas trop: c’est du Black Sabbath, à l’ancienne, avec des intros bien lourdes, des solos parfaits, et Ozzy Osbourne toujours au top niveau performances. A croire qu’on est toujours dans les années 1970, et qu’on écoute un album qui vient juste d’être produit. On arrive à Damaged Soul, petit bijou sur l’album, avec un jeu de guitare très blues, Ozzy à l’harmonica, mais surtout une ligne de basse vraiment excellente, qui loin d’être un simple support sur l’album, prend une réelle importance et apporte une grande prestance à l’ensemble. L’album se conclue sur Dear Father, une longue ballade qui se termine dans la pluie et l’orage, un final qui sied bien à un groupe tel que Black Sabbath.

Alors, que retenir de cet album? Premièrement, que c’est un des albums les plus progressif que le groupe aie pu faire. Les variations de genres sont multiples, parfois déroutantes, mais parfaitement réussies. L’album est parfaitement réalisé, et on sent une réelle alchimie entre les membres fondateurs du groupe. Deuxièmement, on peut noter que malgré l’âge et les diverses orientations de carrière des membres, le groupe est toujours à un niveau de performance exceptionnel, en particulier Ozzy Osbourne, dont la voix est toujours aussi puissante. Réellement impressionnant. Cet album, qui est en quelque sorte l’album come back du groupe, est vraiment excellent, réussi, et réunira autour d’un même feu les fans de la première heure et ceux qui tentent de s’intéresser au genre. Pari réussi, le Sabbath Noir a fait son oeuvre, et il l’a bien faite!

9/10 

  • Artiste: Black Sabbath
  • Album: 13
  • Genre: Heavy Metal
  • Sortie: 10 Juin 2013