Kavinsky – Outrun

OutrunLe 24 février, Vincent Belorgey, bien connu par le grand public sous le pseudonyme de Kavinsky, nous a livré Outrun, son premier album. Kavinsky s’est d’abord fait connaître par le biais d’ EP remarqués, puis en faisant, en compagnie de SebastiAn, qui a également produit Outrun, la première partie de la tournée de 2007 de Daft Punk. Mais Kavinsky est surtout connu par le grand public pour son Nightcall, produit par une moitié de Daft Punk, qui fut utilisé comme bande son d’introduction au bien aimé Drive.

L’album fut de nombreuses fois repoussé. Résultat : si on suit le Kav’, on connaît une grande majorité des titres présents sur le disque avant qu’il ne sorte. La surprise est donc moins grande, mais ce n’est pas tout…

 

Outrun commence avec Prélude. Sur un discours de Paul Hahn, manager des Daft Punk, présentant le personnage zombie qu’incarne Kavinksy et son histoire, on entend les premiers riffs propres à l’artiste. Mais rien de plus, ce qui en fait une intro classique. Arrive Blizzard. Tout part d’un coup, et là c’est la bonne surprise : le mec nous fait vraiment un truc original. Même si je n’adhère pas complètement, je vois bien qu’il y a du talent là dedans. Et puis, en fouinant un peu, de liens en liens, je tombe sur un générique de la série Sankukai, qui s’avère être l’identique de Blizzard, à un beat moins lourd près. Le sampling, c’est bien, le plagiat, c’est moins bien, même s’il suit une bonne référence. Cette démarche semble complètement insensé de la part d’un artiste ayant un statut de l’ampleur que celui de Kavinsky.

On essaye d’oublier et on passe à Protovision, premier single officiel de l’album, sortit en décembre dernier. Avec ses envolées de guitares magistrales, son ambiance dark fantastique, le track transporte loin, très loin. Assurément une des grosses réussites de Outrun. Arrive ensuite Odd Look, dont on avait pu entendre quelques secondes dans une publicité. Le track se base sur une petite boucle rapide, mais néanmoins agréable à écouter. De gros riffs made in Kavinsky viennent donner cette touche vintage qui fait si bien son univers. On a également droit à un vocal, qui est le même que l’excellent Embody de SebastiAn, encore lui. Si on peut reprocher une certaine répétitivité, Odd Look me séduit pleinement et montre à quel point la musique de Kavinsky peut s’accorder avec du chant. Nouvelle piste avec Rampage. C’est puissant, ça sonne bien, les violons posent quelques frissons. Assurément, du lourd ! Le seul problème, c’est que à l’instar de Blizzard, Rampage ressemble fortement à un générique : celui de DBZ. On se retrouve avec deux sons quasi copiés collés des originaux, où juste un remastering semble avoir été fait… Très perturbant, quand on sait que le nombre de track inédite de cette album se comptait sur les doigts d’une main… 
Suburbia va tenter de nous faire oublier cette désillusion. Avec Havoc (du groupe Mobb Deep) en featuring, tout semble bon pour avoir quelque chose de fort. Mais pourtant, ça ne colle pas. Une instru bonne mais sans plus, qui boucle vite, et un rap franchement décevant quand on sait ce qu’a pu faire Havoc par le passé. J’attendais beaucoup de cette association, et je suis déçu par l’abscence du petit plus qui aurait fait la différence. Place ensuite à un récap de tracks ayant déjà un certain âge. On commence par LE classique de Kavinsky, qui est Testarossa Autodrive. Le premier succès du Kav’, sortit il y a plus de… 7 ans ! Un rythme très rapide, qui donne envie de se plonger dans une conduite nocturne de folie. Assurément une base !

Le premier succès est suivit du plus gros succès : Nightcall. Le passage entre les deux tracks, complètement différentes, est une horreur. Mais on ne peut qu’apprécier le tube et la mélancolie qu’il dégage, même si celui-ci n’est pas du tout dans la lignée du reste de l’album. Les classiques se poursuivent avec Deadcruiser, qui plante une ambiance surréaliste. On peut se demander comment des sons comme celui-ci marchent si bien. Mais ça fait partit de la recette Kavinsky. Arrive Grand Canyon, une BO parfaite pour un film de suspense. C’est fort !

Place à First Blood, qui est le meilleur inédit à mon goût. Une instru rapide, où on confond les riffs du refrain avec un moteur. Et puis des vocals plus enjouées et rock’n’roll. Efficace à souhait, ce titre nous fait oublier le décevant Suburbia. La fin est entamée par ce qui sert d’intro aux sets de Kavinksy : Roadgame, qui tourne depuis un an. Pas de doute, les violons, les cordes frappés, le beat qui tape, créent une ambiance remarquable. Une de mes préférés. Outrun se cloture sur Endless, qui conclue comme l’a commencé cet album. 

 

On a longtemps attendu Outrun. Repoussé pendant presque un an, on a du mal à comprendre pourquoi. En effet, si on ajoute au recyclage de 4 anciens succès sortis entre 2007 et 2010 les 3 sons qu’on a déjà pu découvrir en 2012 (Roadgame, Protovision et Odd Look), on a 6 tracks, soit la moitié de l’album, qui étaient inconnues. Parmi lesquels une intro, une conclusion, et deux titres copiés collés de génériques… C’est très faible pour justifier tant de préparation.

En bref, si on écoute cet album sans se soucier de touts ces problèmes, on a une bonne production de qualité, qui saura retenir notre attention. Mais quand on attends cet album depuis 5 ans, on ne peut qu’être déçu. Il est clair que cet album laisse un goût très amer, au jour d’aujourd’hui. Je pense qu’il aura une plus grande valeur dans quelques années, où l’on pourra mélanger sans honte 2007 à 2013. Mais là, ça fait un peut tôt. Dommage.

 

5/10

Artiste : Kavinsky
Album : Outrun
Genre : Electro
Label : Record Makers
Sortie : 23/02/2013