Para One – Passion

 

On a beaucoup attendu le nouvel album de Jean-Baptiste de Laubier, aka Para One, qui sévit sur différents coins de la scène musicale depuis maintenant plus de 10 ans. De nombreuses fois producteur pour TTC, il a récemment signé le dernier album des Birdy Nam Nam, Defiant Order, sortit en 2011. Connaissant son passé, on ne pouvait attendre que du bon de sa part, après Epiphanie (2006). Avant tout attiré par la production, c’est la volonté de créer quelque chose détaché d’autres artistes qui l’a ramené vers sa carrière solo.

On assiste, avec Ice Cold, à une intro assez troublante, plutôt sombre et froide qui peut nous laisser présager d’un album dans ce style. Mais cette idée ne dure pas bien longtemps, avec Wake Me Up, morceau surprenant, torturé entre un beat qui sonne très glitch et des petits bouts de synthés très spécifiques, qui nous annoncent un album complexe, produit du génie de Para One. On enchaîne avec Every Little Thing, un titre qui sonne une pop légère et agréable, porté par les chants d’un Tekilatex ressuscité (ex rappeur de TTC) et d’Irfane (chanteur d’Outlines et pour Breakbot). Il s’ensuit le titre Vibrations, additionné à l’interlude Poisened Apples, qui mériterait d’être développé en une track à part entière tant son groove nous rappelle une production hip hop old school, ce qui nous renvoie aux débuts de Para One. Finalement, ce titre peut s’avérer être un prélude à la piste suivante, When the Night, qui vient puiser dans un répertoire funk des 80s, boosté par la dynamique voix de Jaw et la superbe prod de Para One, endiablée par une basse de folie. Changement brutal avec l’arrivée de Sigmund, qui va puiser dans une techno très speed qui fait penser aux sons de Gesaffelstein. Une ode à l’art de la psychanalyse, en somme. Au final, on a un morceau surprenant et risqué, mais hyper efficace car maîtrisé de main de maître. Love Ave nous évoque un amour à la fois ancien et utopique, c’est une track remplie de bonheur et d’optimisme. Arrive ensuite You, chanson reconnue comme étant sa préféré par l’artiste. Un son qui sonne bien disco, et dont les vocals vont rappeler l’époque Discovery des Daft Punk. Un grand tube ! On se ressaisit avec Albatros, qui apporte à l’album la douceur évoquée dans Love Ave. Dans cette continuité arrive ensuite sur Lean On Me, titre correct fait pour passer sur les (bonnes) ondes. L’artiste nous expose une nouvelle fois tout son talent de producteur avec The Talking Drums, un titre qui ne peut pas mieux porter son nom. Enfin, Para One nous offre un final orienté hip-hop avec Empire, constituée d’une grosse basse lente dirigeant le morceau, additionnée à quelques scratchs, le tout dans une atmosphère calme et mystérieuse, qui va clore l’histoire avec Passion.

Para One nous livre un album extrêmement solide, qui se révèle être à l’image de sa pochette : riche, sobre et propre. Ce travail nous montre tout le talent de l’artiste, qui a sût créer son univers tout en se permettant d’aller explorer ses autres passions, qui varient du hip-hop au disco en passant par la techno ou bien la funk. Les prises de risques sont survolées avec succès et grande maitrise. Néanmoins, cet album présente des pistes parfois complexes et pas toujours facilement abordables : on peut en découvrir leur vraies valeurs qu’après plusieurs écoutes seulement, ce qui confirme que nous avons bien à faire à un grand album, qu’il faudra comme une base de la musique électronique.

9/10

Artiste : Para One
Album : Passion
Genre : Electro 
Label : Marble (Because Music) 
Sortie : 18 juin 2012