Le black metal, c’est vaste. Le genre s’est exporté hors des frontières Norvégiennes, et s’est répandu sur toute l’Europe dès le milieu des années 1990. Toutefois, l’Oncle Sam n’allait pas échapper à ce nouveau mouvement musical, et les riffs glacés et hurlements de corbeaux sont sortis des forêts norvégiennes pour aller trouver refuge un peu partout sur le territoire américain, donnait du coup naissance à l’USBM. Le black metal américain, quoi. Les différences entre USBM et Black Metal « classique » découlent souvent d’intégrations d’éléments liés à la culture américaine dans des morceaux; que ce soit via les instruments ou dans les thèmes. Cobalt intègre à ses compositions des mélodies sorties tout droit d’un western, Panopticon réalise des albums concepts entiers sur l’automne dans les Rocheuses Américaines, et Nachtmystium… Nachtmystium, c’est un cas un peu particulier. Arnaques, addictions à l’héroïne mettant en péril l’avenir du groupe, démêlés judiciaires, prétendue appartenance à la mouvance National Socialist Black Metal , Blake Judd, le fondateur, chanteur et guitariste du groupe de l’Illinois, n’as pas la réputation d’être quelqu’un de fréquentable. Et ça se sent dans son black metal. Sale et abrasif, dans la plus pure tradition de Carpathian Forest ou Darkthrone à ses débuts, Nachtmystium s’est peu à peu métamorphosé, pour évoluer à la frontière entre rock psychédélique, heavy metal et black metal. Selon Judd, le groupe ne jouerai d’ailleurs même pas du black metal… Toujours est-il que Nachtmystium a sorti d’excellents albums, notamment les deux opus Black Needle Part. 1 et Part. 2 ou Silencing Machine (l’une des meilleures portes d’entrée dans l’univers du groupe). Splitté en 2014 par Blake Judd, a l’époque en cure de désintoxication, Nachtmystium revient en cette fin d’année avec Resilient, premier EP du groupe depuis The World We Left Behind, qui avait laissé les fans sur...
Lil Peep – Come Over When You’re Sober Pt. 2...
posted by Pierre-Elie
15 novembre 2017. Un message tourne ce matin là un peu partout: « Lil Peep est mort ». Gustave Ahr, de son vrai nom, venait de déceder d’une overdose de Fentanyl à l’arrière de son tour bus, après un concert, 3 mois tout pile après la sortie de son premier album, Come Over When You’re Sober Pt.1. 21 ans, c’est jeune. Et même si quelques mois plus tard le décès d’XXXTentacion (et plus récemment celui de Mac Miller) ont rappelé que drogues, dépressions et train de vie stressant ne font pas bon ménage, le décès de Lil Peep était marquant pour de multiples raisons. Il y avait toute cette imagerie émo-gothique assumée pleinement, ces nombreuses références au suicide et à la dépression, mais surtout ce personnage. Pale, presque émacié, dont le sourire semblait couvrir une tristesse profonde, et qui posait sur un monde sombre un triste regard -aux pupilles souvent dilatées par diverses substances. Dans la foulée du décès, de nombreux morceaux sont sortis à titre posthume. Lil Peep avait en effet plusieurs projets sur le feu, qu’il s’agisse d’EPs ou de collaborations déjà maquettées. On peut retenir entre autres 4 Gold Chains, produit par Clams Casino (un EP serait d’ailleurs en cours de production à partir des passages en studio de Peep et Clams), Spotlight, réalisé par le producteur d’EDM Marshmello, ou encore Sunlight On Your Skin, enregistré avec ILoveMakonnen. Le 15 octobre était annoncé la suite de Come Over When You’re Sober Pt.1, sobrement intitulée Come Over When You’re Sober Pt.2, et qu’on abrègera ici par COWYS2. Lourde tâche que de succéder à un album considéra par beaucoup comme étant le pinacle de la production soundcloud-rap américaine. L’album avait installé Lil Peep dans l’imaginaire collectif comme un nouveau Kurt Cobain, et son décès tragique n’a...
Freeze Corleone – Project Blue Beam...
posted by Pierre-Elie
Vous êtes vous déjà posé des questions sur les attentats du 11 septembre 2001? Avez vous des doutes quand à l’existence des reptiliens? La finance satanique et les sociétés secrètes vous passionent et vos amis se posent régulièrement des questions sur votre état de santé mentale? Si vous êtes un rappeur, vous êtes sûrement Freeze Corleone (ou bien Alpha 5.20 ou Le Roi Heenok), et on ne saurait vous conseiller de retourner regarder des documentaires douteux sur les détournements de fonds publics en consommant des hectolitres de sirop pour la toux. Oui, el Freeze, le Prof Chen, Spleanter Cell, Le Jeune Tom, bref, Freeze Corleone est de retour après un an d’absence. Fondateur du 667, le Ras Al Ghul du rap français sort de la grotte dans laquelle il était planqué comme un terroriste pour nous livrer Project Blue Beam, son premier « vrai » album après la mixtape F.D.T (Fin Des Temps) et T.H.C., mixtape/album/carte de visite qui l’a révélé au grand public rap. Le Lyonnais revient avec une nouvelle drogue sonore, et son année à l’écart du monde semble avoir été utilisée à bon escient: le produit est plus fort qu’avant, plus travaillé, toujours aussi létal et toujours aussi addictif. Selon des sources très sûres et fiables telles que nouvelordremondial.cc ou eveil-delaconscience.fr, le Projet Blue Beam serait une théorie du complot selon laquelle la NASA œuvrerait dans le secret à l’instauration d’une nouvelle religion basée sur un culte de l’antéchrist, via des manipulations de la conscience. Conscience, complots, référence obscure, voilà la formule de Freeze Corleone, et si on pourrait lui reprocher de ne jamais avoir dévié de cette ligne directrice, il faut tout de même avouer que celle-ci lui convient bien. Mieux encore, Freeze Corleone parvient à rester intéressant durant toute la durée...
Odezenne – Au Baccara...
posted by Pierre-Elie
Il s’en est passé du temps depuis Sans Chantilly. 10 ans, pour être précis. 10 ans durant lesquels Odezenne s’est montré toujours plus surprenant, toujours plus personnel et toujours plus hors du temps et des carcans musicaux. Succédant à Doltzinger Str.2 et à une tournée de concerts à la demande, Au Baccara se place dans le prolongement musical qu’on a appris à connaître de la part du groupe bordelais : éclectique, émouvant, et d’une musicalité bienvenue dans un paysage rap parfois trop dominé par des combos 808/boucles de synthés. Enregistré sur bandes à Londres, l’album bénéficie en effet d’un son riche et analogique. On est là face à de la composition musicale, et non simplement face à de la production. Exit les guitares et autres batteries et basses qui avaient pris une belle place sur Rien et sur Doltzinger Str.2, Odezenne s’épanouit cette fois entre synthés analogiques et boucles de boites à rythmes, et l’influence se ressent dans le flow et les textes d’Alix et Jacques. Encore plus musical qu’avant, Odezenne ? On dirait bien. Un peu plus triste aussi, à moins que ce ne soit le poids du monde qui vienne ajouter à leur poésie une dose de spleen en plus. Mais pas ce spleen déprimant, qui tire vers le fond, plutôt le spleen d’un coucher de soleil par temps de brouillard. Un été indien devenu un automne nucléaire, pourrait-on dire. Au Baccara, c’est la transposition musicale de la réalité de la vie d’Odezenne, sans idéalisation et sans apitoiement sur son sort. Nucléaire, entre jeu de mot et exercice de style -assénassions des mots, rimes en « -eu »- ouvre l’album avec poésie, racontant l’amour, la vie et l’amitié avec cette poésie simple qui caractérise le groupe depuis ses débuts. D’amour d’ailleurs, il en est beaucoup question...
The Matrix – Hoodrich Pablo Juan X Brodinski...
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Depuis quelques temps déjà, Atlanta a retrouvé sa place de point chaud du rap américain. Et s’il est un rappeur qui, après plusieurs saisons dans l’ombre, s’affirme depuis 2017 comme un des futurs MGP de la ville,il s’agit de Hoodrich Pablo Juan. Après l’excellente mixtape Designer Drugz 3 sortie en 2017, et Rich Hood début 2018, le trapper remet le couvert, cette fois ci accompagné par Brodinski, ancien patron du défunt label Bromance Records et figure de proue de l’electro en France. La fascination de Brodinski pour le rap ne date pas d’hier. Déjà en 2012, son premier album solo relevait plus de la compilation que d’un réel solo, avec un casting de choix comprenant entre autres Young Scooter ou Bloody Jay. The Sour Patch Kid avait remis le couvert, cette fois ci avec des productions qui sonnaient moins électro, aux rythmiques plus trap. Il s’agissait également de la première rencontre entre Brodinski et Hoodrich Pablo Juan, qui lâchait son flow sur Dead People, morceau qui semblait sorti d’outre-tombe. Pour 2018, les deux artistes se sont plongés l’un et l’autre dans un univers futuriste, ou les sommes et les algorithmes défilent aussi vite que les cadavres dans une morgue, et nous livre un projet de 7 titres sobrement appelé The Matrix, entièrement produit par Brodinski. Entre sonorités sorties tout droit d’un enfer cybernétique et flows nonchalants, références multiples aux habits de designers et aux pilules colorées, bienvenue dans la Matrice. Hoodrich Pablo Juan se réserve la part du lion sur ce 7 titres, ne se laissant accompagner qu’à une seule occasion par Lil Dude, un de ses comparses du crew Hoodrich. Sur les beats narcotiques de Brodinski, le rappeur se révèle plus froid, presque plus inquiétant, loin des bangers enjoués dont il a le...
Converge – Jane Doe / Jane Live...
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En vérité je vous le dit, la fin de l’Hiver est proche. L’adoucissement des températures, la disparitions des quelques neiges subsistantes au profit de décors verdoyants, le retour du chant des oiseaux de bon matin dans nos oreilles, tout ces signes nous prédisent un printemps radieux. L’occasion donc, de compenser ce déferlement de douceur pour se plonger dans la bourbe, l’ombre et l’überviolence d’un genre souvent méprisé: le metal hardcore. Et s’il fallait une bonne raison pour en parler, la voici: Converge, les pionniers du genre, ont sorti le 3 Mars 2017 une version live intégrale de leur meilleur album : Jane Doe. Sobrement intitulée Jane Live, l’album comporte l’intégralité de l’album Jane Doe, joué en live en suivant la tracklist. Il semble donc logique, avant de se pencher sur le live, de se pencher sur l’album originel et sur l’histoire de Converge. Groupe originaire de Salem, dans le Massachusetts, Converge est un quintet jouant un mélange subtil de heavy metal, punk hardcore et metalcore, dont résulte un son chaotique, rapide, au rythme changeant, qui pose les bases du mathcore. Comme quoi, la musique, c’est bel et bien une question d’étiquettes. Commençant par quelques reprises de groupe de punks, le groupe trouve rapidement son son et, après la sortie de leurs trois premiers albums, se retrouve propulsé sur le devant de la scène avec la sortie d’un monument aujourd’hui adulé par les amateurs du genre: Jane Doe. Jane Doe, c’est un concentré de violence enrobé dans une couche de brutalité. C’est un rouleau compresseur qu’on laisse passer sur soi dans un élan masochiste. Une perle noire rare, qu’on ne peut s’empêcher d’exhiber autour du cou. Du début a la fin, Converge et ses musiciens n’ont de cesse de marteler les sens, déconstruire les codes établis, presque comme...
Zeal And Ardor – Devil Is Fine...
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Le mélange des genres est un phénomène qui touche la musique depuis bien longtemps. De « Walk This Way » d’Aerosmith et Run DMC au plus récent « Baddest Man Alive », regroupant les Black Keys et RZA du Wu Tang, en passant par l’album Collision Course de Linkin Park et Jay-Z, les artistes ont depuis longtemps compris l’intérêt de croiser les influences, avec plus ou moins de succès. Toutefois, peux nombreux sont les artistes ayant cherché a mélanger des genres quasiment antinomiques, en créant un concept unique et souvent risible sur papier, mais qui, lorsqu’il touche nos tympans, disperse tous nos doutes pour nous immerger dans un univers a part. C’est le cas de Zeal and Ardor, projet suisse formé en 2016 par Manuel Gagneux. Et comme souvent, tout est parti d’une blague sur internet. Sur le célèbre forum 4Chan, dans un des sujets dédiés au métal, Manuel Gagneux demande à des utilisateurs de citer deux genres de musiques qu’il mélangera pour ensuite en proposer le résultat. Quelqu’un lui propose « nigger music », et un autre utilisateur répond « black metal ». Qu’il en soit ainsi, Zeal and Ardor est né. Mélange apocalyptique entre chants d’esclaves et guitares saturées et agressives, le tout assorti de rythmiques à la fois ethniques et électroniques, le projet ne ressemble a rien de connu, et est bien loin d’être un simple exercice de style. En effet, si le métissage entre black metal et musique traditionnelle est bien connu, on y retrouve plus souvent accordéons, flûtes et luths que tams-tams et beats electros. Créant un réel lien entre l’imposition du christianisme aux esclaves noirs venus d’Afrique et l’imposition du christianisme aux Païens Nordiques, Manuel Gagneux ne se contente pas simplement de mélanger les genres: il créée un univers cohérent à la fois dans la musique...
Code Orange – Forever...
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2017 commence, et clairement, cette année encore plus que les autres, on risque de rigoler assez peu. Quelle ne fut donc pas la joie des amateurs de sonorités extrêmes à base de guitares saturées et de futs de batteries martyrisés lorsque fin 2016, les damnés de Code Orange ont annoncé le successeur du très bon I Am King. Groupe de punk hardcore originaire de Pittssburgh, Code Orange se distingue d’une scène qui tend rapidement a se mordre la queue par une violence sonore sans concessions, privilégiant un son gras et sale à des productions carrées et sur-mixées. Le résultat en live est dévastateur, le groupe retournant parfois -au sens quasi littéral du terme- les salles dans lesquelles il joue, et il est difficile lors de l’écoute des morceaux de ne pas ressentir son sang pulser -si tant est qu’on est un peu sensible a ce genre de sonorités. Forever, le troisième album du groupe, débarque donc comme un lourd parpaing jeté à la face de l’auditeur, et, même si l’appellation est quelque peu galvaudée, on peut parler ici d’un véritable album de la maturité. Forever commence sans préambule. Un court sample, un silence, et soudain, la tornade. Le premier morceau de l’album, Forever, renvoie l’auditeur en terrain connu, avec son rythme rapide qui tient presque du fastcore, et son breakdown grave, quasi assourdissant. Et puisqu’il sera question de breakdown a plusieurs reprises, courte mais indispensable explication du terme: le breakdown correspond a un changement de rythme dans le morceau, durant lequel le tempo devient plus lent, plus lourd, comportant peu de notes, et donnant aux auditeurs une envie soudaine d’oblitération totale de tout ce qui se tient devant eux – pour peu, une fois de plus, qu’on soit sensible a ce genre de choses....
Devin Townsend Project – Transcendence...
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Les vacances sont finies, et même si elles furent longues, c’est avec plaisir qu’on y met un terme en se relançant dans la chronique. Et quoi de mieux pour une bonne rentrée qu’un album à la fois classique dans son genre, mais innovant, à la fois accessible et déroutant, assemblage de sonorités allant chercher dans la musique électronique, le metal, voire l’opéra épique? Peu de choses, tant le talentueux et prolifique Devin Townsend sait capter la quintessence de la musique, et la sublimer en parfaites harmonies. Musicien Canadien, Townsend s’est spécialisé très tôt dans la musique progressive, et s’est offert une carrière des plus grandioses: une trentaine d’albums depuis 1993, trois groupes différents, et une capacité d’innovation rarement égalée. Son dernier né arrive après l’audacieux double album Z², qui semblait être le pinacle du génie musical de Townsend. Et si l’attente était grande, Devin Townsend n’a, une fois de plus, pas déçu avec Transcendence. L’album s’ouvre sur une douce série d’arpèges, qui gonfle en un ensemble de riffs épiques appuyant des chœurs rappelant tantôt un opéra, tantôt un thème d’ouverture de film de science fiction. Et très rapidement, on se retrouve en terrain connu: des mélodies aériennes mais écrasantes, une ambiance très cinématographique avec des explosions de cuivres et de cordes, et cette impression d’avoir embarqué a bord de l’esprit un peu fou d’un musicien de talent. Et c’est là qu’est l’essence même de Devin Townsend, qui d’un coup de maître réussit avec un morceau d’ouverture a synthétiser tout son univers, accueillant l’oreille novice tout autant que les aficionados du genre. Et s’il est capable de prouesses à la guitare, comme en témoignent les très sautillants riffs du morceau Stormbending, Devin possède un autre talent: son chant. A la fois puissant et doux, capable d’une...
Droogz Brigade- Projet Ludovico...
posted by Pierre-Elie
Les dernières nouvelles de Droogz Brigade datent de 2008, où l’excellent EP Dissections avait fait grand bruit dans l’underground français. On y avait découvert un univers fait de références aux films d’horreurs à l’ancienne, aux samples baroques, mené de main de maître par 5 MCs allaités au Moloko. Hyper référencé, Orange Mécanique en tête, le crew Toulousain livre 8 ans plus tard son premier album, en ayant fait monter la pression sur son audimat à coups de feats tous plus excellents les uns que les autres. Et voilà qu’en 2016 sort Projet Ludovico, preuve s’il en est que Staff L’Instable, Rhama le Singe, Sad Vicious, Herken et Al’Tarba n’ont rien perdu de leur verve. Avant toute chose, il est nécessaire de préciser que la source d’inspiration du crew se trouve du coté de l’oeuvre Orange Mécanique. Du nom du groupe (Droogies signifiant « amis » dans le Nadsat, la langue inventée par l’auteur Anthony Burgess) au titre de l’album, Ludovico étant le nom du programme que subit le protagoniste d’Orange Mécanique. Et on s’imagine bien qu’en utilisant un univers aussi sombre que celui ci comme inspiration, couplé à de solides références du coté des vieux films d’horreurs,on ne peut que s’attendre à un résultat explosif. S’il fallait commencer par la fin, autant le dire de suite: l’album est d’une rare excellence. Les Mcs semblent tous déchainés, crachent leur tripes et vident leurs sacs sur des beats fous produits par un Al’Tarba au top de sa forme. En se penchant sur les textes, on est frappés par la diversité des thèmes, et surtout la manière dont ils sont traités: là où un rappeur classique se perdra dans un story telling pour raconter sa vie, Droogz Brigade préfère rentrer dans le lard de l’auditeur, cracher chaque rime avec une telle hargne...
Kanye West – The Life of Pablo...
posted by Pierre-Elie
Quand l’artiste Kanye West est obscurci par le personnage public Kanye West, il en ressort souvent un espèce de mélange assez risible, fait de tweets pas toujours très fins, de prises de positions douteuses, de délires mystiques et de défilés de modes dignes d’un film de science fiction des années 80, type Dune. Depuis Yeezus, Kanye a toujours revendiqué ce coté très hautain, persuadé qu’il est d’être le meilleur de tous, et d’avoir toujours un temps d’avance, au point de s’aimer lui-même plus qu’il n’aime sa femme ou ses fans. The Life of Pablo est donc tout ce qu’on était en droit d’attendre de l’entité Kanye West, sorte de Docteur Jekyll et Mister Hide du rap: un album pas toujours très compréhensible, souvent assez brouillon, mais à l’ambition débordante. Toutefois, l’Enfer est pavé de bonnes intentions, et la question qui nous taraude est: « Mais que vaut cet album? », et on est en droit de se la poser, Kanye ayant présenté son nouveau bébé (pas Saint, non), comme un « album de gospel ». Autant le dire tout de suite: The Life Of Pablo est bon. Pas excellent, mais suffisamment osé pour être intéressant à écouter, bien que souffrant d’un effet très « fourre-tout », qui se ressent autant au niveau des instrus que des thèmes abordés par les textes. Kanye affirme son amour de Dieu sur un morceau, avant de lâcher par la suite quelques vers sur son envie de coucher avec Taylor Swift, puis de se perdre dans des élucubrations mi émouvantes-mi tragiques sur sa relation avec sa famille ou son quartier. Une fois de plus, on peut saluer l’ambition du bonhomme, qui le pousse a aller toujours plus loin dans ses délires… pas forcément toujours si inspirés qu’il voudrait le faire croire d’ailleurs. Cet effet fourre-tout...
Dead Soul // Ghost (L’Usine, Genève)...
posted by Pierre-Elie
Ghost, c’est un peu tout ce que j’aime. Du bon hard rock à l’ancienne, avec une ambiance occulte tantôt aérienne, tantôt pesante, qui cultive une aura de mystère depuis sa création, ses membres étant masqués ou grimés en live. Après avoir sorti un des meilleurs albums de 2015, Papa Emeritus III et ses musiciens – nommés les Nameless Ghoul- se sont lancés dans une grande tournée, avec une seule et unique date en Suisse programmée par PTR à l’Usine, accompagnés par Dead Soul, un groupe d’indus ‘assez étrange, mais qui sonne fort bien sur album. Même si l’ouverture des portes est à 20h, la peur panique de ne pas être bien placée compilée à mon habitude maladive d’avoir en permanence une demi-heure d’avance me fera arriver dès 19h00. Classique, mais l’attente est récompensée par la distribution d’une fort belle sérigraphie limitée pour les 15 premiers. Classe. La salle se remplit tranquillement alors que Dead Soul prend place sur scène. Les 3 musiciens commencent pile poil à l’heure, et envoie d’emblée des salves de synthés et de basses bien brutales (trop brutales?) dans le visage d’un public qui semble garder une grosse part de son énergie pour la tête d’affiche. La pop industrielle du groupe fait toutefois mouche, bien que très tranquille et calme, et l’alchimie sur scène est palpable. Bien que n’ayant joué qu’une grosse demi-heure, le groupe a tout de même eu le temps de donner un bel aperçu de ses expérimentations sonores, entre riffs de guitare noyés sous milles effets et synthés parfois très psychédéliques, avant de tirer sa révérence et de laisser la place à Ghost. Ghost est un groupe qui sait se faire attendre, et qui sait surtout poser une ambiance, et ce même durant la demi-heure d’attente. Des...
Cépages rapologiques de 2015...
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En 2010, le duo Clipse composé de Pusha T et Malice rappait « Like wine, with time I get better ». Et quoi de meilleur pour parler du rap que quelques métaphores et comparaisons viticoles? Qu’on se le tienne pour dit, le rap français ne nous a jamais autant régalé de grands crus qu’en 2015, tant les vignerons du son ont su satisfaire jusqu’au plus exigeant des amateurs de bons disques. Entre le retour d’anciens sur le devant de la scène, l’émergence de nouvelles surprises, et les confirmations de ceux qu’on suit depuis déjà quelques années, il y avait évidemment de quoi se régaler. Et comme la musique, c’est comme un bon vin, ça s’apprécie avec le temps, quoi de mieux en cette période de premières fraicheurs hivernales qu’un petit retour en arrière sur les sorties rap qui ont marqué 2015. PNL: Le Monde Chico/ Que La Famille Probablement une des grosses surprises de l’année – de la décennie, selon certains- PNL a marqué 2015 avec Que La Famille d’abord, puis Le Monde Chico ensuite. On pourrait parler de l’incroyable story-telling développé par les deux frères, mais on ne le fera pas. On pourrait parler de l’utilisation folle de l’autotune, qui donne un peu d’humanité à des hommes dont le quotidien se résume à vendre de la drogue à de fameux clients, mais on n’extrapolera pas autant non plus. Au lieu de ça, on préfèrera se remettre – encore un fois- Le Monde ou Rien, car au final c’est tout ce qu’on veut. Vald: NQNT2 Même si tout a déjà été dit, ça ne fera pas de mal d’enfoncer un peu plus le clou. Oui, Bonjour est incroyable. Non, personne n’a vraiment compris le message derrière Selfie, et oui, Vald n’est qu’un poisson perdu dans...
PNL – Le Monde Chico...
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Une fois n’est pas commune, on parlera rap francais sur Little World Music. Un sujet trop rarement abordé sur ce site, manquement qu’on tendra a rattraper avec le temps. Pour preuve de ces belles paroles, on parlera d’une sortie- et pas des moindres- qui marque au fer rouge cette année: le premier album de PNL, Le Monde Chico. PNL c’est un peu comme une rafale dans le dos, ca semble sortir de nulle part alors que tous les signes annonciateurs étaient là: une hype grandissante sur les réseaux sociaux, une bonne centaine d’articles depuis la sortie de QLF, le premier EP, articles qui s’efforcent plus ou moins bien de parler du « phénomène PNL ». PNL, c’est Ademo et Nos, deux frères des Tarterêts, qui raconte sous autotune leur vie et leurs déboires Alors certes, il est justifié de parler de phénomène. Depuis Que La Famille en effet, le duo des Tarterêts a parcouru un long chemin, dans Paris, dans l’Hexagone, et même en Espagne ou en Italie. Alliant à une réalisation visuelle des plus classieuse un univers dur, fait de ventes de drogue, de rancunes, de références à Scarface et d’un certain client Hervé, PNL a apporté un vent nouveau. Si QLF avait suscité l’émoi et la surprise, on a eu le temps de se préparer à Le Monde Chico, car la formule est simple: de l’autotune, des instrus aériennes et pesantes à la fois, et des punchlines qui claquent, entre colère et humour noir. Le Monde Chico, c’est la réussite quasi-parfaite d’une recette qui marche, et dont seuls les deux frères connaissent la formule. De la plage au terrain, PNL a trainé ses basques un peu partout, même sur les lieux de tournage de Gomorra, à La Scampia. En résultent des récits tantôt revanchards,...
Tame Impala – Currents...
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Tame Impala est un peu le genre de groupe que certains suivent depuis des années et considèrent comme le renouveau de tout un genre: le rock psychédélique. Pour les uns c’est « la meilleure formation actuelle », pour d’autres, c’est un peu « Pink Floyd et Yes en plus jeune », un groupe qui fait du neuf avec du vieux. Autant dire que la sortie du nouvel album des Australiens n’est pas passée inaperçue. Presque 2 mois après sa sortie, qu’en retient t’on finalement? Currents est sorti en plein milieu de l’été, en pleine canicule même, et il a apporté un vent de fraicheur bienvenu. Vent de fraicheur car renouvellement d’un groupe qui voulait sortir de sa catégorie « Poids lourds du rock psychédélique » pour explorer de nouvelles perspectives sonores, et aussi- et surtout- vent de fraicheur car de ce renouvellement est sorti un son différent, savant mélange de funk et d’électro, mais ne reniant ni la réverb ni le psychédélisme un peu fou inhérent au groupe de Kevin Parker. Kevin Parker, qui semble désormais bien loin des riffs de guitares, tant les synthés ont la part belle sur cet album. Exit les accords s’étirant sur des minutes entières, place aux boucles de synthéthiseurs et aux modulations quasi oniriques. Toutefois, même si ce changement aurait pu annoncer un calme plat sur l’album, loin s’en faut. Currents, on l’a compris, romps avec les premiers Tame Impala. Mais cette rupture est-elle réussie? Indéniablement. On est accueilli d’emblée par les presque 8 minutes de Let It Happen, qui bien que tournant dans nos oreilles depuis quelques temps déjà est toujours la bienvenue. A travers une surabondance de synthéthiseurs, Tame Impala accueille l’auditeur dans un nouvel univers musical, plus pop et onirique, qui va parfois chercher des inspirations dans bien d’autres genres, comme en témoigne...