Snoop Dogg – Bush

Si Snoop Dogg est bien doté d’un grand talent, c’est celui de se rire des genres et des styles, et de faire ce que bon lui semble. Après s’être perdu dans le reggae (avec plus ou moins de succès) et la funk, la superstar du Rap US prends la tendance à contre pied avec Bush, son nouvel album entièrement produit par Pharell Williams. Alors, pari réussi ou échec cuisant pour le Doggfather?

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L’alchimie Pharell-Snoop remonte à bien longtemps. En effet, les deux avaient déjà collaboré à plusieurs reprises durant la longue carrière de Snoop- on se rappelle notamment de Drop It Like It’s Hot, et de son C-Walk improbable- et ce n’est donc pas étonnant de retrouver Pharell aux manettes du projet. Toutefois, il est le seul et unique producteur, et ses retrouvailles avec Snoop sont plus funky que thug: pas des grosses basses, plutôt des rythmiques catchy et dansantes qui donnent plus envie de s’allonger dans un transat un cocktail à la main que d’aller faire un drive-by.

Quid de Snoop alors? On l’avait déjà retrouvé égaré sur les terres du funk en 2013 avec 7 Days Of Funk (qu’on avait chroniqué ici), et nul doute que le bougre a souhaité prolonger son voyage. Moitié chantant, moitié rappant, le Doggfather pose son flow à son habitude, à l’aise et au calme, et s’accorde parfaitement avec les instrus de Pharell. On assiste au revival de rythmiques qu’on croyaient disparues depuis longtemps, avec un esprit décalé et gouailleur, classique à Snoop Dogg. Coté guests, les noms sont alléchants: Stevie Wonder, Charlie Winston, TI, Gwen Stefani, Kendrick Lamar (encore lui!) et Rick Ross viennent appuyer Snoop Doggy Dogg dans ses frasques, toujours avec mesure et bon goût.

Le projet est donc de très bonne facture, les morceaux sont efficaces, et on sent que Bush n’est au final qu’une énième visite de Snoop Dogg dans des terrains qu’il n’avait pas encore complètement explorés. Toutefois, on a parfois plus l’impression de se retrouver devant un album de Pharell Williams, tant les instrus du bonhomme sont reconnaissables entre milles. Cette sensation se ressent notamment sur Run Away, le morceau avec Gwen Stefani, dont le groove et les parties chantées nous ramènent au choix à l’époque glorieuse de N.E.R.D ou à la période qui a suivi la sortie de G.I.R.L, l’album solo de Pharell. Les fans puristes de Snoop se désoleront peut-être de ce parti pris, mais il est toujours agréable de voir des artistes prendre de petits risques et tenter la nouveauté. Et quand le temps d’un morceau comme I’m Your Dog on peut  entendre Rick Ross, Kendrick et Snoop se passer le micro sur une instru cotonneuse à la Pharell, On est bien obligé de reconnaître une belle performance.

C’est donc une belle réussite pour Snoop Dogg et Pharell, qui rappellent non seulement que rap et pop funky peuvent faire bon ménage, mais aussi et surtout que le Doggfather n’est pas encore mort, et qu’il en veut toujours autant. Par contre il faudra vraiment faire quelque chose pour l’artwork…

Et parce qu’un bon .gif c’est toujours sympa…