BO Fevrier 2015

Après un mois de janvier de folie, les sorties musicales se sont faites plus discrètes. Il faut donc fouiller un peu plus, mais on trouve toujours des pépites, même en février.

 

Badbadnotgood & Ghostface Killah retournent à leurs premiers amours

On le sait depuis un certain moment, le trio Badbadnotgood aime tourné son jazz en hip-hop (avec MF Doom, Tyler the Creator et bien d’autres). On sait aussi que Ghostface Killah aime ce que le jazz a pu offrir à son hip-hop. C’est ce qui a motivé Sour Soull’album sortir de l’esprit de cette rencontre artistique de luxe. Le projet rend hommage à l’atmosphère qui entourait les 70s, quand le jazz s’apprêtait à laisser une place au hip-hop. En résulte un album hip-hop complètement novateur qui fait du bien à un style noyé sous les prods électroniques. Ghostface se dote d’un live band assez destructeur, ou Badbadnotgood a trouvé un MC ravageur.

Rone joue aux petits monstres

Trois ans après le fantastique Tohu Bohu, le sorcier Rone revient dans les bacs avec Creatures. L’occasion pour le français de créer de nouvelles ambiances autour de ce projet, qu’il a vu plus sombre et plus varié. En témoignent les featuring avec des chanteurs pop (François Mary et Daho) et ses collaborations avec des musiciens d’horizons très variés. Et dans ce tas d’idées excentriques, chacun y trouve sa place : la guitare de Bryce Dessner (The National) donne une touche plus psyché, la contre-basse de Gaspard Claus donne toute sa noirceur au terrible Freaks… Moins tubesque que son prédécesseur, Creatures reste tout de même un bel album, et surtout un projet aboutit qui fait belle figure dans la massive discographie de Rone.

Juan Atkins et les autres légendes de Détroit sont éternelles

Père cofondateur de la techno de Détroit, Juan Atkins ressuscite son projet Model 500 le temps d’un nouvel album. Désormais devenu un groupe comprenant Atkins et les piliers du plus indé des labels, Underground Resistance, avec notamment Mad Mike, le come-back de Model 500 témoigne du retour à la mode des productions retros qui ont bercé la Motor City des 80s. 16 après son dernier essai, Juan Atkins publie donc Digital Solutions, un album analogique qui montre que même plus de 30 ans après avoir pris son envol, la Techno de Détroit est toujours dans le futur.

 

Drake surprend son monde

Depuis le début de sa carrière, Drake se montre être un cas unique : adulé par le mainstream et largement soutenu par beaucoup d’indés, le rappeur de Toronto peut s’offrir le luxe de marcher entre les deux mondes. En témoigne sa nomination en tant que tête d’affiche de Coachella, qui se veut le paradis de la musique indé (même si l’argent y pose ses valises avec grand plaisir). Avec la sortie surprise de If You’re Reading This, It’s Too Late, mixtape aux allures d’albums (ou l’inverse), Drake montre une démarche artistique assez libre, sachant qu’il voulait offrir ce LP (contrairement à son label). On ne tient pas la sortie de l’année, mais c’est en revanche un cas plutôt rassurant pour le mainstream de nos jours.

Ibeyi réouvrre l’axe Paris – La Havanne

Ce duo de jumelles franco-cubaines émerge progressivement depuis deux années. Révélées par une série de beaux titres l’an dernier, Ibeyi sort un album éponyme chez XL Rec. La critique internationale est unanime sur la qualité du travail du duo, qui use à merveille de ses influences cubaines et africaines, des langues anglaises, françaises et yoruba. Avec une teinte de Björk, des percus décuplées et pas mal de piano, Ibeyi crée sa marque et s’impose comme l’une des plus belles surprises de l’année.