Rocktambule – Nos Impressions

A l’occasion de ce week-end grisâtre d’octobre, Little World Music se remet en jambe pour le festival Rocktambule. Au programme pour nous, photo, vidéo, mais surtout pas mal de concerts de qualité à se mettre sous la dent. On se croirait presque en été !

 

Jeudi : Une entrée aux styles variés :
Le festival s’ouvrait sur une journée orientée rap et électronique. On regrette d’ailleurs ce choix, car on a vu deux publics bien distincts au cours de la même soirée, ce qui a eu un impact sur les affluences devant la scène, bien trop vide pour des artistes de ce rang, dans une ville comme Grenoble. Si un nombre satisfaisants de place furent vendues pour un jeudi de période scolaire, on n’en a pas vu la couleur sous le chapiteau. Un coup habile pour les finances du festival, mais moins pour l’image dégagée au public et aux artistes.
Ce problème de fréquentation passé, on est néanmoins rassuré par le travail de chaque artiste, qui remplissent leur part du boulot. En ouverture, on retrouve BigFlo & Oli, Espoirs d’un rap tricolore en dent de scie.

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Belle réussite, avec deux minots, tout droit revenus de Nouméa, chauds comme la braise, proposant un live rap comme on aimerait en voir plus de nos jours : dynamique, instrumental (la contrebasse, c’est la classe), sans complexes et plein d’envie. Bonne route messieurs, on vous recroisera forcement ! Les ainés de S-Crew ne seront d’ailleurs pas au niveau, misant trop sur de grosses bases et des phrasés agressivement punchlinés. Un peu de finesse ne ferait pas de mal.
La transition entre rap et electro a été amorcée par le duo Tha Trickaz, qui propose un set dubstep blindé d’énergie, qui retiendra l’attention de ces deux publics aux univers différents. Bonne ambiance, même si 22h est un peu tôt pour ce genre de sons. Mais c’est que derrière, les basses continuent de résonner, avec l’arrivée des Carbon Airways, frère et soeur de 17 et 18 ans débarqués de Besançon, qui feront siffler machines, enceintes et oreilles, pendant une petite heure. On retient surtout une énergie débordante pour un tel âge, motivée par une envie sans limites. Sachez tout de même qu’après son live, la plus jeune fratrie de l’electro n’avait plus une once d’énergie en réserve, au point de rester débranchée en loge pendant plus d’une heure, annulant par conséquent l’interview qu’on se faisait une joie de leur soumettre. Qu’a cela ne tienne, la fin de leur carrière n’est pas encore en ligne de mire.

 

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Pour finir, le festival nous réservait deux gros noms de la scène trap anglaise, qui se font remarqués de partout pour leur prods pour les plus grands (Kanye West, Drake, Danny Brown…) : Hudson Mohawke et Rustie. Ce dernier restant coincé à Londres pour cause de caprice météorologique, ce sera finalement HudMo qui se collera en solo pour une heure de basses à plein volumes, jouant ses sons (Chimes, Vista Remix…), ses projets (TNGHT) et ses prods (Kanye West…). Du coup, Grenoble a surement vécu la meilleure heure de trap de son existence.

 

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Vendredi : Grand soleil sous le chapiteau :
Pour cette deuxième journée, la programmation se veut plus orientée roots et chanson. Cette soirée sera la plus fréquentée du festival, et surement la meilleure. Avec un public très participatif pour des groupes taillés pour ce type de concert, l’alchimie semble optimale. On ratera le concert de Pan, et c’est donc sur Soviet Suprem que nous débutons notre soirée.

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Et quel début ! Le projet emmené par les moitiés de Java et de la Caravane Passe instaure un climat diamétralement opposé aux standards musicaux post Guerre Froide américanisés jusqu’à l’os. Car oui, la genèse de Soviet Suprem est « et si l’URSS l’avait gagné… ». On décolle alors pour 45 (petites) minutes de show déluré revisitant les clichés de l’époque soviétique avec un habile humour. Les artistes sont bouillants, et le public prend feu dès l’intro. Partagés entre flows de qualités, beats puissants et instrus des Balkans qui soulèvent la foule, on ne voit pas le temps passer. Un pur régal tout du long, et certainement le meilleur moment du festival. L’atmosphère se calme pour Tiken Jah Fakoly, revenant vers un reggae classique. La transition entre l’humour soviet et «l’Afrique va mal» est tout de même un peu rude, même si tout ceci est mené de main de maître. On retiendra surtout une foule complètement acquise à l’artiste, participant à merveille au spectacle.
La clôture de cette soirée marque le point culminant de ces 3 jours pour l’organisation du festival, avec un double anniversaire de 20 ans pour le Rocktambule et les Ogres de Barback. Un gâteau symbolique géant sera même porté sur scène durant la fin du concert de ses derniers, nous offrant la plus belle image du festival. Coté musique, les Ogres se mettent le public dans la poche sans problèmes, épaulés par une fanfare africaine de haut vol, et un talent scénique de qualité pour un groupe de ce genre. Petit bémol tout de même : dommage que le début de la seconde partie du spectacle (et c’est peu dire !) ne soit pas de la même intensité que le reste.

 

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Mention spéciale également aux gars de Roots Collective, parfaits dans le rôle de l’inter-plateaux. On a bien aimé se frotter à leur nouveau soundsystem, qu’on recroisera rapidement.

 

 

Samedi : Clôture dans la bonne humeur :

Dernière soirée, qui voit les style variés, et où chaque artiste s’adapte à merveille avec l’heure où il est programmé. La soirée débute avec le rémois Alb, accompagé sur scène d’un batteur.

 

 

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Mobilisant beaucoup de monde pour un horaire si avancé, la paire déploie une pop riche en arrangements, qui fait son effet. Peu de maladresses et beaucoup d’envie génèrent leur effet sur une foule sous le charme, devenant folle sur un sample 8-bit de la musique de Mario, au beau milieu d’un Golden Chains entièrement revisité pour la scène. Pour la suite, on sera trop occupé pour suivre le live de Fool’s Gold. Mais d’après les conversations entendues dans le public, les américains ont fait le taf.

Une part du public attendait avec impatience le jazz groovy de Electro Deluxe. Pas besoin de chercher longtemps pour comprendre que le groupe est plus qu’à son aise. Pour leur dernier concert avant l’Olympia, le band se prépare de leur meilleure des manières en mettant le chapiteau dans tout ses états. Une fois de plus, on a raté la fin du set, mais on a tout de même pu voir les images de la folie qu’ils ont provoqué. Ah bah bravo !

 

 

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Le suivant se nomme Kavinsky, et était attendu par une entière partie des adolescentes mineures présentes ce soir là. En toute franchise, on n’attendait pas grand chose de la part du « David Guetta de la French Touch », au vu de la qualité de ses dj sets, plus proches de la playlist iTunes que d’un mix à deux Pïoneer. Avouons tout de même qu’on a déjà entendu pire de sa part, ce qui est déjà un bon début dans cette longue route vers la lumière.

 

 

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Concernant la tracklist, celle là est sans trop de grosses surprises, et présente une bonne flopée d’hymnes electros de ses dernières années. On s’attendait à pire, alors soyons content ! La soirée se finira avec la techno planante du lyonnais Agoria. On en attendait beaucoup, et on sera servit. Proposant un set technique sans s’enfoncer dans des sphères underground, le boss du label Infiné crée la bande son parfaite pour clôturer ces trois jours de musiques variées.

 

L’organisation du festival :