Les albums de début 2014 (3/3) : les mastodontes

Suite et fin de notre trilogie faisant le point sur 15 albums sortit depuis le début de l’année. Pour ce chapitre final, on vous présente 5 albums d’artistes dont la renommée n’est pas plus à faire, et dont les albums portent beaucoup d’attention.

CoverFinale

Beck MorningPhaseBeck – Morning Phase (21 février – Capitol)

Qualifié de génie du songwritting dans les années 90, l’américain Beck s’est fait plus discret ces derniers temps, enchaînant des petits projets peu médiatisés. 12 ans après Sea Change, Beck reprend sa carrière là où il l’avait laissé avec l’arrivée de Morning Phase. Dans la lignée de ses plus grands succès, cet album n’est pas fait pour danser, mais plutôt pour être contempler calmement. Beaucoup de parties sont instrumentales (Heart Is A DrumWave), même si la voix de Beck permet de sublimer certaines pièces, comme sur l’excellent Blue Moon. A mi-chemin entre le folk de Neil Young et les ambiances lunaires de Pink Floyd, Morning Phase va là où l’américain le veut, sans faire dans la démesure. Beck signe une belle surprise inspirée qui se dégage du paysage musical actuel. Il nous transmet également Blackbird Chain, un très beau titre, capable de figurer parmi ses meilleurs.

pharrell-williams-girlPharrell Williams – G I R L (3 mars – Columbia)

Fort d’un succès énorme l’an passé (Daft Punk + Robin Thicke + le titre Happy), Pharrell Williams surfe sur la vague d’une reconnaissance mondiale. Longtemps connu pour son travail en collectif (producteur avec Neptunes, rappeur – chanteur avec NERD), l’américain se tourne désormais vers sa carrière solo en sortant son second album, G I R L. Jouant sur l’image funky qu’il s’est procuré grâce à Daft Punk puis Happy, Pharrell fait du Williams 2.0 en nous livrant un album homogène, mais tout de même porté par une série de bons titres se démarquant, Gust Of Wind (avec… Daft Punk) en tête, suivi par le foufou Hunter et le classieux Gush. Avec une production et des chants originaux rappelant un certain ThrillerG I R L surprend au premier abord par sa direction générale. C’est sur le long terme que l’album patauge et risque de se faire oublier un peu trop vite.

Metronomy LoveLettersMetronomy – Love Letters (10 mars – Because)

Après le très réussit English RivieraMetronomy s’est vu propulsé au rang de leader de la pop généraliste mondiale. Un rang assez paradoxal pour un groupe voulant être détaché de touts courants clairement identifiables. En effet, le mot d’ordre de Joseph Mount et de sa bande, à l’aube du lancement de Love Letters, était qu’aucun album de Metronomy ne devait ressembler au précédent. Pour cet album, le principal changement, selon Mount, est l’utilisation d’un enregistreur cassette, limitant à 8 le nombre de pistes simultanées. La musique se veut alors plus épurée et sixties. Cette contrainte va former le moule de Love Letters : une production minimaliste atténuant la qualité de certains morceaux, notamment avec une batterie sonnant très cheap. Quelques belles trouvailles permettent toutefois de sauver certains morceaux, comme l’entraînant clavier de l’éponyme Love Letters, la mélodie jeu-videotesque Monstrous. Malheureusement, c’est le manque d’atmosphère qui prime, rendant l’ensemble un peu monotone, même si le talent des anglais rattrape le tout.

Pixies Indie CIndyPixies – Indie Cindy (28 avril – PIAS)

Voilà pratiquement un quart de siècle que Pixies n’a plus squatté les bacs. C’était en 1991, alors idoles d’un certain Kurt Cobain, que Franck Black et sa bande sortaient Trompe Le Monde et étaient au sommet de leur carrière. La suite s’appelle Indie Cindy, et s’inscrit assez logiquement dans la continuité de la discographie du goupe, même si 23 ans d’attente est un peu exagéré. Les chants sont plus aigus, l’ambiance générale de l’album est plus soignée, et le coté guitares crades mis de coté. L’absence de ces éléments, caractéristiques fondamentales de Pixies, pourront laisser un goût amer dans la bouche de certains fans de la première heure. Nous, on aime bien, et l’album semble réussit, avec lui les tubes Greens and Blues ou Blue Eyed Hexe en piliers. Pour la jeune génération que nous représentons, l’adaptation du groupe est réussit, et on se fait une joie de les croiser en concert cet été !

Damon Albarn Everyday RobotsDamon Albarn – Everyday Robots (28 avril – Parlophone)

Damon Albarn est incontestablement l’un des personnages les plus influents de la musique de ces 25 dernières années, que ce soit avec Blur ou Gorillaz. C’est avec Everyday Robots que l’anglais découvre une carrière solo tardive. Désireux d’exploiter à sa guise les techniques de production modernes, l’anglais nous offre un album original, où la musique se plaît à régulièrement surprendre son auditeur. C’est néanmoins la mélancolie qui prime, sous forme de violons torturés sur l’éponyme Everyday Robots, ou bien dans le chant, comme avec le poignant Selfish Giant. La première partie de Everyday Robots se revèle extrèment intense, et s’avère même lunatique, nous transportant du contemplatif Lonely Press Play au très vivant Mr Tembo. Dommage que la deuxième partie perde cette qualité de production, même si la chant rattrape beaucoup. On retiendra tout de même le superbe final Heavy Seas Of Love, sublimé par un Brian Eno des grands jours. Cet album est tout de même une réussite, qui montre, une fois de plus, l’immense talent de Damon Albarn.

Retrouvez la 1ère partie : les premiers pas, et la 2ème : les surprises.