Les albums de début 2014 (1/3) : Les premiers pas

Les projets respectifs des différents membres de Little World Music nous ont empêché de maintenir un site productif ces derniers mois. Pour remédier à ces absences, nous vous présentons 15 albums sortient dans le premier tiers de 2014, décomposés en une trilogie. Le premier volet se concentre sur 5 artistes présentant leur premier album.

 

Cover1on3

 

fauve-vieux-freres-partie-1-320x320

Fauve – Vieux Frères – Partie 1 (3 février – Fauve Corp)

Difficile de passer à coté du phénomène Fauve, omniprésent depuis un an. L’album Vieux Frères – Partie 1 s’inscrit dans la progression logique de groupe, et suit la route tracée par l’EP Blizzard sortit l’an dernier. Et c’est pour cela qu’on y retrouve du bon et du mauvais. Bien qu’il soit loin de faire l’unanimité, il faut reconnaître que le style initié par le collectif , un espèce de spoken word accompagné d’instrus hip-hop minimalistes, renouvelle le paysage musical français pour grand public, qui manque de souffle. Le problème, c’est que le Fauve se piège lui-même, à trop vouloir jouer. C’est pourquoi cet album paraît trop lisse, sans vraiment de nouveauté, et tourne finalement rapidement en rond. On retient quand même quelques coups de mieux, sur des morceaux comme Infirmières ou Lettre à Zoé, où l’apparition de mélodies sauve la chose. La deuxième partie arrive pour la fin de l’année, mais on n’en attend plus grand chose, et c’est bien dommage.

st.lô room415St.Lô – Room 415 (10 mars – La Mue Records)

Certainement la meilleure découverte de ce début d’année, St.Lô, groupe américano-breton, nous offre leur premier album, l’auto-produit Room 415. Débordant de références riches et variées, la musique de St.Lô oscille entre hip-hop, blues, rock et electro. Chose surprenante sur le papier, la voix de Mezz Walidah, chanteuse – poète du groupe funk Brooklyn Funk Essentials, se marie à merveille avec la production d’anciens beatmakers du groupe de « slip-hop » Svinkels. La plupart de l’album est faite pour danser, avec une bonne série de sons entraînants : le puissant Flight & Fantasy annonce la couleur dès les premières secondes, et derrière, Mezz ne lâchera pas l’affaire. Bien qu’un peu court, l’album ne présente aucunes erreurs, et toutes les pistes s’écoutent avec plaisir, même l’agressif Hero qui clôture le disque. Mention spéciale à l’excellent In The Pines, dont le clip est sortit récemment.

 

todd terje IATTodd Terje – It’s Album Time (7 avril – Olsen Records)

Ultra attendu, il l’était. Après le carton de l’EP It’s The Arps, fin 2012, Todd Terje est devenu la coqueluche de la musique électronique scandinave. Voilà 10 ans que le plus barbu des Todd pose des boules disco sur de grands classiques, de Stevie Wonder à Chic. It’s Album Time vient couronner tout ce travail discret dans l’ombre, et propulse le norvégien dans les dancefloors du monde entier. Le talent de producteur de Todd Terje n’est desormais plus à prouver à personne, tant ce premier album est une pépite riche en sons que l’on redécouvre à chaque écoute. On retient surtout des coups géniaux de synthés de Preben Goes to Acapulco, la folie Rayman-esque de Svenk Sas, la ballade Johnny and Mary, main dans la main avec la légende Bryan Ferry, et l’odyssée digne d’un Moroder de Oh Joy. Le plus gros regret sera la fin de l’album, contenant 3 titres déjà connus depuis It’s The ArpsBien que manquant d’homogénéité, It’s Album Time est un petit bijou de space disco qui révèle tout le talent d’une scène scandinave talentueuse, et un des sommets de l’année.

 

 

chet faker BOGChet Faker – Built On Glass (11 avril – Future Classic)

A l’instar de son ami Flume, Chet Faker illustre la nouvelle scène musicale australienne : jeune, talentueuse et suffisamment décomplexée pour enregistrer un premier album seul. Le bébé de Chet Faker, jeune homme de 22 ans dont la pilosité faciale ferait rougir un Woodkid, s’appelle Built On Glass, et présente de très beaux arguments pour un premier essai. La production est soignée tout le long, et ne semble pas présenter de failles apparentes après une bonne série d’écoutes. Et c’est l’un des points forts de ce disque : il demeure homogène tout du long, chose rare pour un premier album. Amis des synthés, vous serez servis sur les morceaux porteurs de l’album, tels que Talk Is Cheap ou bien Gold. La voix du jeune australien est au niveau des instrus, et monopolise même l’attention sur des titres comme To Me ou le classe Melt. On titillerai presque le dancefloor sur 1998, qu’on croirait chipé à Disclosure. Malgré une petite couche hipster recouvrant l’emballage, Built On Glass est la confirmation d’un artiste talentueux, complètement en accord avec les techniques musicales de notre époque.

 

 

iggy-new-classic-coverIggy Azalea – The New Classic (21 avril – Island Records)

On reste chez les australiens, même si celle-ci sonne bien plus américaine. Nouvelle whigga en vogue là-bas, Iggy Azalea sort The New Classic, 3 ans après avoir commencé à faire des vagues avec le sulfureux Pussy. Au delà de l’image provocatrice qu’elle se donne, Iggy se revèle avoir une veritable intention de carrière en conduisant son album là où elle le veut, et non là où le buzz l’enmène. C’est grâce à cela que de nombreux titres en solo s’avèrent être une bonne surprise, là où Iggy joue sur sa technique et son phrasé, comme sur Don’t Need Y’all ou Bounce. Niveau featuring, la belle s’offre Rita Ora sur le morceau trap Black Widow, ainsi que Chali XCX sur le tube Fancy. Malgré son coté (trop) grand public, The New Classic est un album qui s’inscrit convenablement dans la lignée des albums rap de ces dernières années, et c’est tout juste de ce qu’on attendait venant d’Iggy Azalea.

Vous pouvez également consulter la 2ème partie : les surprises, et la 3ème partie : les mastodontes.