Eminem – Marshall Mathers LP 2

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Le rappeur de Détroit, superstar du début du millénaire, tente un retour aux sources avec ce MMLP2, qui fait suite à The Marshall Mathers LP, son plus grand succès. 13 ans plus tard, même si la côte populaire du rappeur a toujours bonne mine, bien des choses ont changé : Eminem reste sur deux albums décevant (Relapse et Recovery ) et son âge (41 ans) commence à ne plus concorder avec sa musique, souvent burlesque et infantile. Slim Shady est-il encore capable d’un revival inespéré ?

 

Sortit en 2000, Marshall Mathers LP, porté par des singles planétaires tels que StanThe Way I Am ou bien The Real Slim Shady, est devenu l’album hip-hop le plus vendu au monde. Mêlant humour débile, discours antipatriotiques et love songs très noires, ce premier volet Marshall Mathers définit l’univers atypique d’un rappeur d’Eminem. L’annonce d’une suite à cet album cultisme à susciter évidement énormément d’attentes de tous les bords, et le risque semble énorme.

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Si on se base sur une comparaison au premier MMLP, pas besoin d’écouter énormément MMLP2 pour se donner un premier avis. Ce nouvel opus est bel et bien dans son époque, et n’est donc pas une suite. Eminem le voit lui-même comme un hommage nostalgique plutôt qu’un prolongement. Peu d’éléments renvoient 13 ans en arrière, ce qui est un défaut comme un avantage. La production de MMLP2 est plus variée, quitte à s’égarer quelque fois. On retrouve des prédominances dans l’album, avec des parties old school, d’autres rock, d’autres tournant carrément pop. So Much Better et son sombre piano frappé rappellent fortement cette belle époque qui a révélé Slim Shady au monde. On y retrouve d’ailleurs à la fin son amusant « I’m just playing (bitch), you know I love you », retrouvable sur Kill You et White America. Pas mal de sample d’anciens titres se cachent d’ailleurs dans ce nouvel album, de Criminal à The Real Slim Shady, comme un clin d’oeuil nostalgique à une carrière dopée de tubes.

Parmi les autres bon titres, on retiendra Rap God, un brin exagéré mais techniquement excellent (oui, 101 mots en 16 secondes…). Ajoutons le très bien produit Rhym Or Reason, néanmoins plombé par un refrain chanté un peu lourd. Evil Twin présente une instru bien électronique pour du Eminem, mais efficace. Et la performance de Shady sur ce titre est très propre, ce qui clôture proprement la version standard de l’album. (On ne vous parlera pas de la version deluxe, avec 5 titres supplémentaires dispensables, même si le rock’n’roll de Desperation est bien sympa). Le premier single officiel de l’album, Berzerk, montre bien l’étendu du pouvoir du flow d’Eminem, posable sur à peu près n’importe quelle musique. Ici, le producteur Rick Rubin sample le Fight For Your Right des Beastie Boys, qu’il a lui-même créer, sur une instru entre rock à grosses guitares et beats hip-hop.

Rubin est également à l’origine du sympathique So Far…, un premier temps ironiquement pop, puis ensuite rappé sur des guitares, ce qui nous rappelle l’association Run DMC – Aerosmith crée par Rubin himself. Mais c’est dans ces excès éloignés du hip-hop que MMLP2 repart sur la mauvaise route qui avait conduit Recovery à la déception totale. Stronger Than I Was en est l’exemple le plus flagrant. Chanté sur une instru de fin du monde, le titre atteint des sommets kitschs dont on se serait bien passé. Mais le gros défaut de MMLP2 vient de cette surenchère de chant féminin, qui éloignent complètement l’album de ce que l’on peut en attendre. Legacy essaye de donner une suite à Stan, mais en s’en passera. Les featurings en général sont des échecs, que ce soit le pourtant bon Kendrick Lamar (Love Game), Skylar Grey (Asshole) ou bien la catastrophique Rihanna (The Monster).

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Avec Marshall Mathers LP 2, Eminem nous démontre qu’il compte toujours peser dans le game. A l’arrivée, le succès est négligé. En effet, le quarantenaire le plus célèbre de Détroit possède toujours la technique qui a construit sa légende. C’est artistiquement que le constat se fait plus sévère : Slim Shady est capable du pire comme du meilleur, que ce soit pour l’orientation musicale ou pour son entourage. Quand aux thèmes, ceux-ci n’évoluent pas vraiment, même si c’est pour ça qu’on aime tant Eminem.

6/10

 

  Artiste : Eminem
  Album : Marshall Mathers LP 2
  Genre : Rap
  Label : Aftermath Entertainment
  Sortie : 4 novembre 2013