Gesaffelstein – Aleph

aleph-coverLe prince noir de l’electro française  n’a jamais été aussi proche de la couronne. De ses débuts avec The Hacker jusqu’à ses récentes sorties sur Bromance, en passant par des collaborations avec des pointures tells que Kanye West, Mike Levy semble avoir réalise un sans-faute, que ce soit dans le casque ou en live, son nom s’étant souvent retrouvé sur les affiches de gros festivals cette année. Et ce n’est pas son nouvel album, Aleph, qui va contredire cette progression dorée.

 

Aleph, c’est la lettre hébreuse qui symbolise l’unité, la puissance et la stabilité, ainsi que le centre spirituel d’où rayonne la pensée, et qui établit un lien entre les mondes supérieur et inférieur. Un nom d’album mystique et grandiloquent, qui résume d’une bonne manière la musique sur ce CD.

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L’album s’ouvre avec Out of Line, une puissante déclaration de guerre dont les kicks rappellent des percussions tribales, et portent une voix désincarnée emplie de mystère. Un début parfait qui nous prépare à une véritable odyssée auditive. L’engouement ne retombe pas, puisque on enchaîne avec le redoutable et efficace Pursuit, qui, avec son synthétiseur hypnotisant et ses kicks sur-compressés, retourne le cerveau.

 

C’est sur Nameless que Gesaffelstein surprend, avec un morceau qui se rapproche de l’ambient, et qui plante une ambiance sombre et ténébreuse, faisant naître des images obscures dans l’esprit de l’auditeur, le tout porté par une mélodie de synthé entêtante renforcée par la régularité métronomique des kicks. Sur Destinations, on est accueilli par un torrent de basses surpuissantes, et on retrouve la voix désincarnée d’Out of Line qui telle une mélopée sombre accompagne un morceau rendu angoissant par son rythme et le bourdonnement incessant des basses. Obsession se distingue par des sonorités très désincarnées, froides et détachées, et un rythme qui donne envie de bouger la tête. Arrive Hellifornia. Et là, on se retrouve face à l’un des morceaux les plus aboutit et maîtrisé de l’album, une production axée trap music à base essentiellement de basses et de sons de turbines sous acides, mais sur laquelle Gesa’ ajoute une touche sombre et brûlante qui donne envie de conduire un gros Range Rover sur une avenue américaine de nuit. Gesaffelstein change radicalement de style du tout au tout, comme en témoigne Aleph, morceau éponyme qui se construit en douceur autour d’un arpège de guitare, et qui conserve un coté ambiant très agréable, tout comme le morceau Wall of Memories, qui sonne presque comme une courte symphonie à base d’une boucle de piano, et dont se dégage une mélancolie certaine.

Retour à la violence avec Duel, morceau dopé aux amphét’ et d’une rapidité et précision quasi robotique, bref, un morceau d’une puissance parfaitement maîtrisée. Piece Of Future est un autre de ces morceau à l’inspiration ambient, sur lequel Gesaffelstein insuffle une fois de plus un peu de noirceur et d’angoisse, avec des ensembles de sons quelque peu bordéliques par moments. Très agréable, une fois de plus. On arrive au deuxième single de l’album, Hate Or Glory, un morceau sans réelle prise de risque, qui ne trouve de réel sens que sur sa fin. Pour le coup, on l’apprécie avec la video, mais on reviendra là dessus plus tard. On passé sur Values, autre morceau d’ambient noir aux kicks compresses à souhait, pas mauvais mais pas fou non plus. Et après ces deux morceaux pas exceptionnels, on arrive sur l’une des belles surprises de l’album, Trans, qui résume à elle seule tout ce que Gesa’ a pu faire de mieux depuis ses débuts, entre turbine, kicks compressés et effets un peu plus expérimentaux, c’est une belle réussite! L’album se conclut avec Perfection, un morceau qui pique des inspirations dans le downtempo et l’ambient, mais toujours avec cette touché “Gesaffelstein”, qui tend à noircir, assombrir et alourdir les morceaux. Un morceau qui compte parmi les grandes réussites de l’album, et qui le conclut avec une touche de nostalgie.

 

 

Pari réussi pour Gesaffelstein que cet album! En effet, plus qu’un musicien, Gesa est et demeure également un technicien de la musique, qui décortique sa techno sombre pour y insuffler des influences nouvelles. En témoignent ces morceaux aux sonorités ambient, et toutes ces petits ajouts de sonorités qui ne sont pas si familières à sa musique. Durant tout l’album, il parvient à créer une atmosphère sombre et envoûtante, créant ainsi sa marque de fabrique, une techno noire parfaitement millimétrée qui cisaille les tympans par sa martialité.

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Au final, la notion d’Aleph est bien omniprésente dans cet album, qui devient l’expression d’une puissance musicale forte, qui établit un lien entre la technicité et la musicalité des sons, pour donner une musique brute et sombre, mais non dénuée d’une grande finesse. Plus qu’un prince, Gesaffelstein impose sa place en tant que réel “Architecte du son”.

9/10 

 

  Artiste : Gesaffelstein
  Album : Aleph
  Label : Bromance
  Genre : Electro / Techno
  Sortie : 28 octobre 2013

Merci à Pierre-Elie pour la rédaction de cet article !