Eurockéennes 2012, chapitre I : vendredi 29 juin.

Et c’est partit pour trois jours de musique du coté de l’un des plus gros festival français. Arrivés à Belfort la veille, c’est sous un soleil de plomb que nous nous rendons du camping vers le site du festival, sur la superbe presqu’île de Malsaucy pour assister à cette première soirée, qui s’annonce variée, mais dominée par des frenchies venants de différents endroits de la scène musicale.

 

Premier passage sur la Green Room (la scène du bar Heineken), pour voir l’américain Hanni El Khatib, qui nous propose un rock blues qui peut nous rappeler celui des Black Keys. Malheureusement, le concert tarde à prendre de l’ampleur, sa ne décolle pas suffisamment. Décevant, car j’en attendais plus de la part de ce groupe dont quelques morceaux studios m’avait mis la puce à l’oreille.

On n’attend pas la fin du premier concert, et on se bouge direction la plus petite des 4 scènes, le Club Loggia, qui se trouve en face de la grande scène. Pratique pour les transferts, quand on connait la distance entre d’autres scènes (surtout Plage-Grande Scène), qui, additionnée, aux bouchons, peut vous bouffer un bon bout du concert. Nous retrouvons donc sur la Loggia le groupe de hip hop français Art District. Ils nous jouent une fin de set très convaincante, le groupe est bien dynamique, et la foule est prise au jeu.

Un demi tour et 100 mètres plus loin, et nous voilà sur la grande scène pour voir le reggae festif de Gentleman. L’allemand et ses 9 musiciens nous assurent un son qui fait danser les foules, c’est pile-poil ce qu’il faut sous le soleil cuisant.

On se dirige ensuite vers la Green Room, pour voir Amadou & Mariam et leur invité qui est LA personne incontournable de la journée : un certain Bertrand Cantat, le leader tourmenté de Noir Desir. On compte ses apparitions sur scène ces 10 dernières années sur les doigts d’une main, et c’était juste pour une ou deux chansons. Un concert d’une heure était donc un événement, même si c’est pour seconder Amadou & Mariam. Le concert ressemble à ce qu’on pouvait attendre d’eux, un truc plutôt tranquille. Mais on voit que le public est nettement plus captivé par un Cantat qui livre une prestation correcte. Difficile de le juger dans ce style de musique qui n’est pas vraiment celui qu’on lui connaît. Néanmoins, on a droit à une belle surprise pour le final : une reprise de Whole Lotta Love de Led Zeppelin par Cantat. Là, on peut un peu mieux juger l’artiste, qui livre une superbe interprétation, dynamique et vivante, qui déclenche bien souvent des frissons. Bref, l’artiste n’est pas mort, et tout ça nous laisse présager du bon pour l’avenir.

Ensuite, retour sur la grande scène pour voir Dionysos, groupe dont les éloges se multiplient à propos de leur Bird’n’roll Tour. Et on comprend rapidement pourquoi. Après une intro dantesque sur La Marche Impériale de Star Wars, apparaissent tous les bonhommes du groupe, qui dégagent une énergie folle. Tout le monde court dans tous les sens, le son est bien fort. Bref, on a un Dionysos bien différent de celui que j’immaginais. Et c’est pas plus mal !

Néanmoins, le soleil couchant nous force à aller se poser sur la scène de la plage, pour s’allonger dans le sable en écoutant la soul posée de Michael Kiwanuka. Un set posé, tout doux, qui va bien avec le coucher de soleil, magnifique. Mais on peut regretter un certain manque d’energie. Pas de prise de risque, des interpretations assez repetitives… C’est la foule qui peut le faire comprendre, en en demandant plus et en commençant à quitter la scène prématurement. Finalement, c’est l’artiste lui-même et ses musiciens qui quitteront la scène plus tôt que prévu, avec la même discression qu’à leur entrée.

La nuit commence à tomber, c’est une nouvelle journée qui commence. Celle-ci débute sur la Green Room avec The Kooks. Je m’attendais à voir le groupe chouchou des midinettes de 16 ans jouant quelques accords nian-nian sur des chansons d’amour. On y aura droit, bien sûr, mais pas uniquement ! Les gars ont l’air d’avoir muri et semblent vouloir se faire une image plus sérieuse que celle qui les poursuit depuis leurs débuts. Ils nous assurent donc un live solide, ponctué par de convaincantes interprétations de classiques comme Ooh La ou bien Always Where I Need To Be.

On n’assistera pas au rappel : retour sur la grande scène pour voir le tant attendu Hubert-Felix Thiefaine. D’entrée, l’immortelle légende franc-comtoise cloue la foule sur place par sa voix grave et majestueuse et ses poèmes mélancoliques, notamment avec sa boulversante introduction sur une version revisitée d’Annihlation. Au final, ils nous offre une heure trente de concert grandiose, très émouvant (j’ai versé quelques larmes sur certains morceaux, oui oui ! ). Il reprend à merveille les chansons qui ont fait la légende Thiefaine : Les Dingues et les Paumés ,Mathématiques Souterraines ou bien Lorelei Sebasto Cha, ainsi que quelques morceaux de son très bon dernier album. Le tout interprété par de très bon musicien, particulièrement le guitariste, qui nous a offert plusieurs très beaux solos. Au moment du rappel, la foule se met à entonner à pleins poumons l’air de La Fille du Coupeur de Joint. Les frissons sont là, l’atmosphère est magique, HFT remonte sur scène et interprète sa merveille, dans une ambiance de folie. Incroyable !

Pas le temps de se remettre de nos émotions, on file voir les 4 DJs de C2C, quadruples champions du monde DMC, dont la réputation de live est déjà bien solide malgré un unique EP à mettre à leur actif. Le concert a déjà débuté et on arrive sur leur déjà grand Down The Road. On joue des coudes dans la foule pour se retrouver bien placé, plutôt devant et pas trop excentré. Le milieu du set se compose de quelques morceaux remixés ainsi que des reprises de leur sets qui leur ont assuré leur titre de champions du monde de 2003 à 2006. Grosse ambiance, les mecs se donnent à fond et la foule suit le mouvement, sur pleins de types de sons variés, mais toujours dansants. On approche de la fin quand démarre The Beat, gros son bien dansant. Et là, on entend le son d’Intergalactic des Beastie Boys qui résonne avec un « RIP MCA » qui apparaît sur les écrans. S’en suit une reprise de ce classique avec une partie rapée par les C2C. Pas surprenant quand on sait qu’on a membres de Hocus Pocus et de Beat Torrent dans le crew. Superbe reprise, qui restera l’un de mes souvenirs le plus fort. Enfin, le set se termine sur F.U.Y.A., qu’on peut définir comme leur plus grand son, avec une version live énorme qui m’aura fait faire des headbangs de plus de 1m de rayon ! Au final, superbe prestation de ces messieurs, qui promettent un grand avenir !

On se dirige (encore) vers la grande scène pour le dernier concert de la soirée : Shaka Ponk. Tout d’abord, une grosse scène, bien spectaculaire, un peu kitsch mais qui correspond bien au groupe : une bande de fous furieux déchainés, qui se donnent à 200% ! Je comprends la réputation de groupe de live qu’on leur donne. Après, ce n’est pas ce qui fait le mieux dans la matière, je trouve leur musique plutôt facile. Mais l’ambiance est là, le monde aussi, et ils ne sont pas décevants. Un bon groupe de festival, qui doit être vu ! Ils reprennent leur plus grands tubes, et commencent à chauffer la foule avec un homme « qui a fait un marathon aujourd’hui ». Et oui, comme on l’a tant espérer, on va avoir droit de nouveau à un Bertrand Cantat bouillant pour Palabra Mi Amor. L’ambiance devient folle, et même en étant loin, on se retrouve bien remué par l’énergie débordante des Shaka Ponk alliée à la maîtrise d’un Bertrand Cantat bien plus déchaîné qu’avec Amadou & Mariam.

 

Une journée bien variée, qui aura été au dessus de mes espérances, avec de bonnes surprises. Le tout sous un soleil de bel été (alors que des orages étaient annoncés !), puis dans une nuit parfaite. Bref, de superbes conditions météo, un site gigantesque, des festivaliers tous plus fous les uns que les autres… Tout ça additionné à des concerts très réussis, on a donc déjà vécu plein de trucs géniaux, alors que cette soirée était censée être un « échauffement » avant les deux soirées suivantes…

Les + : Thiefaine, le retour (réussi) de Bertrand Cantat, C2C.

Les – : Hanni El Khatib, Micheal Kiwanuka, les coups de soleils.